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Hubble regarde l'astéroïde accélérant se désagréger
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Les astronomes croyaient autrefois que les astéroïdes étaient des roches spatiales capricieuses et ennuyeuses qui gravitent simplement autour du Soleil. Ces objets ont été présentés de manière spectaculaire que dans les films de science-fiction.
Mais les observations récentes montrent que les astéroïdes sont tout sauf ennuyeux. En réalité ce sont des mondes dynamiques, actifs qui peuvent finalement se désintégrer en raison des effets subtils à long terme de la lumière solaire, qui peut les faire lentement tourner jusqu'à ce qu'ils commencent à perdre de la matière.
Plusieurs télescopes, y compris le télescope spatial Hubble de la NASA, ont détecté l'autodestruction graduelle de l'astéroïde (6478) Gault. Les images de Hubble montrent deux queues étroites, ressemblant à des queues de comète de débris poussiéreux ruisselant du minuscule astéroïde.
Pour Gault, une masse de gravats de quelques kilomètres de diamètre, la simple lumière du Soleil a préparé le terrain pour sa disparition progressive. La force de la lumière solaire, associée à la forme asymétrique de Gault, a accéléré la rotation de l'astéroïde sur une période de plus de 100 millions d'années. Le taux d'accélération estimé est de 1 seconde tous les 10.000 ans.
Aujourd'hui, l'astéroïde tourne sur lui-même en deux heures, une vitesse si rapide qu'il ne peut plus tenir son matériau de surface. La moindre perturbation - peut-être l'impact d'un caillou, ou simplement une défaillance du matériau soumis aux contraintes - peut avoir déclenché un effondrement. La poussière a quitté la surface de l'astéroïde par des rafales douces et courtes, peut-être en raison de glissements de terrain qui durent de quelques heures à quelques jours. Les particules s'éloignent de la surface du Gault à la vitesse d'un humain qui se promène. Le processus en douceur est comme la dispersion de la farine dans l'air, où le vent - ou la lumière du Soleil, dans le cas de Gault - étire les débris en une longue banderole.
Les astronomes surveilleront l'astéroïde pour les événements à venir. Environ 800.000 astéroïdes connus résident entre Mars et Jupiter, et ils peuvent voler en éclats au rythme d'environ un par an.
Credit : NASA, ESA, K. Meech and J. Kleyna (University of Hawaii), and O. Hainaut (European Southern Observatory)
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
de Michel ORY
Michel Ory, chasseur d'astéroïdes, nous raconte un monde qu'il connait bien : celui de ces petits objets célestes, tout là-haut, et de ceux qui les observent, ici-bas.
Non seulement les astéroïdes, ces « mini planètes » ont, chacun, leur histoire, mais le livre nous entraîne également à la rencontre de ceux qui les observent : un petit monde qui, lui aussi, gagne à être connu ! Un monde en voie d'extinction…
Avec quelques astronomes amateurs, Michel Ory fait en effet partie des derniers Mohicans célestes, dont la vie est rythmée par l'observation du ciel. Car aujourd'hui, force est de constater que le reste de l'humanité ne vit plus en symbiose avec la voûte céleste.
Et pourtant, au-delà des écrans et du virtuel, le ciel étoilé est un patrimoine à préserver, comme le tigre du Bengale ou les grandes pyramides d'Égypte. C'est aussi un formidable terrain d'aventures, à redécouvrir de toute urgence.
Astronome amateur, Michel Ory parcourt inlassablement le ciel depuis près de vingt ans à la recherche de petits corps du système solaire, astéroïdes ou comètes. Ce chasseur infatiguable a découvert, à lui seul, plus de 200 astéroïdes et 2 comètes.
- 144 Pages - 16,00 € - ISBN : 978-2-7465-1782-0 - Dimensions : 17 x 24 cm - Date de parution : 20/02/2019
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Des traces sombres de tourbillons de poussière sur Mars
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Les vents de Mars sont responsables de nombreuses caractéristiques sur toute la surface de la planète, notamment les dunes sombres et les fines traînées ressemblant à des filaments que l'on voit sur cette image de Mars Express de l'ESA.
Tourbillons de poussière à Chalcoporos Rupes - Copyright ESA/DLR/FU Berlin, CC BY-SA 3.0 IGO
Les caractéristiques intrigantes présentées ici sont des traces de « tourbillons de poussière » : lorsque le Soleil réchauffe le sol martien pendant la journée, des tourbillons se forment qui soulèvent l'air chaud de la surface, fouettant la poussière comme ils le font, la façonnant et la sculptant en tourbillons tourbillonnants en forme de colonnes ressemblant à des tornades (cliquez ici pour visionner des vidéos de tourbillons de poussière réalisées par le rover Spirit de la NASA).
Vue de contexte - Copyright ESA/DLR/FU Berlin, CC BY-SA 3.0 IGO
Ces tourbilons de poussière couvrent toute la planète, soulevant la couche de poussière la plus brillante de la surface et laissant derrière eux des chemins plus sombres. Ils sont le plus souvent observés au printemps et en été martiens, et durent au plus quelques mois avant que leurs traces ne soient obscurcies par la poussière agitée par les tempêtes et les vents.
Ces images de Mars Express montrent un réseau de traces de tourbillons, de boucles et de croisements de tourbillons de poussière dans l'hémisphère sud de la planète, autour d'un escarpement connu sous le nom de Chalcoporos Rupes. Cette zone est recouverte d'une épaisse couche de poussière et abrite souvent des activités liées au vent.
Amazonis Planitia, Argyre Planitia, Hellas Basin et deux cratères d'impact situés à proximité de la région illustrée ici, Proctor et Russell, sont les zones les plus fréquemment touchées par les tourbillons de poussière.
Proctor, Russell et Chalcoproros Rupes sont basés dans le quadrilatère Noachis de Mars, une zone tellement marquée de cratères d'impact qu'elle est considérée comme l'une des parties les plus anciennes de la planète.
Les deux cratères visibles dans ce cadre sont dotés de dunes de sable ondulantes denses et sombres qui attirent l'œil, tandis que le terrain environnant est décoré d'un vaste réseau de dunes et de signes d'activité passée de tourbilons de poussière.
Vue topographique de Chalcoporos Rupes - Copyright ESA/DLR/FU Berlin, CC BY-SA 3.0 IGO
Les tourbillons de poussière martiens ressemblent à ceux que l'on voit sur Terre dans des paysages particulièrement secs, arides et désertiques, mais ils sont beaucoup plus vastes. Ils peuvent faire plus de huit kilomètres de haut sur la planète rouge, créant ainsi des chemins de plusieurs centaines de mètres de large sur quelques kilomètres.
Leur taille colossale les rend extrêmement efficaces pour transporter la poussière très haut dans l'atmosphère de Mars. En fait, ces tourbillons peuvent soulever autant de matériaux qu'une tempête de poussière mondiale martienne à son apogée.
Vue de perspective - Copyright ESA
Ces tempêtes de poussière sont immenses et impressionnantes. En avril dernier, Mars Express a capturé les signes d'une tempête naissante près du pôle nord de Mars, soulignant une frontière intense entre la surface habituelle de la planète, calme et ocre, et un mur de nuages de poussière - et ce n'était qu'une modeste tempête de poussière par rapport à celles qui couvrent la totalité de Mars et font rage pendant des mois.
Des tourbillons de poussière ont souvent été vus sur Mars, à la fois par Mars Express et d'autres missions, y compris l'ESA-Roscosmos ExoMars Trace Gas Orbiter, qui a récemment imagé un impressionnant motif de traces de tourbillon de poussière dans la région de Terra Sabaea, sur Mars, qui pourrait résulter de centaines voire de milliers de petites tornades martiennes qui se rassemblent pour laisser leur marque à la surface de la planète.
Trace Gas Orbiter sera rejoint par un rover - récemment nommé Rosalind Franklin - et une plate-forme scientifique de surface, dont le lancement est prévu pour 2020. Cela permettra à la mission ExoMars d'explorer encore plus la planète rouge au cours des prochaines années.
Chalcoporos Rupes en 3D - Copyright ESA/DLR/FU Berlin, CC BY-SA 3.0 IGO
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie
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L'instrument GRAVITY innove dans le domaine de l'imagerie exoplanétaire
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Grâce à l'interférométrie optique, un instrument de pointe installé sur le VLTI révèle les dégâts causés par une tempête à la surface d'une exoplanète
L'instrument GRAVITY qui équipe l'Interféromètre du Very Large Telescope (VLTI) de l'ESO a effectué la première observation directe d'une exoplanète au moyen de l'interférométrie optique. Cette technique a révélé l'existence d'une atmosphère exoplanétaire complexe composée de nuages de fer et de silicates emportés dans une tempête à l'échelle planétaire. Cette technique offre des possibilités uniques de caractériser nombre d'exoplanètes connues à ce jour.
Crédit : ESO/L. Calçada
Ce résultat a été annoncé ce jour par la collaboration GRAVITY [1] au travers de la publication d'une lettre au sein de la revue Astronomy and Astrophysics. Y sont présentées les observations de l'exoplanète HR8799e effectuées au moyen de l'interférométrie optique. Cette exoplanète fut découverte en 2010 en orbite autour de la jeune étoile HR8799 de la séquence principale, distante de quelque 129 années lumière de la Terre et nichée au coeur de la constellation de Pégase.
Le résultat d'aujourd'hui dévoile de nouvelles caractéristiques de HR8799e. Son obtention a requis l'utilisation d'un instrument doté d'une résolution et d'une sensibilité particulièrement élevées. GRAVITY peut utiliser les quatre unités télescopiques du VLT de l'ESO, les combiner afin de constituer un télescope unique de dimensions plus étendues selon une technique baptisée interférométrie [2]. S'ensuit la création d'un super-télescope – le VLTI – capable de collecter la lumière en provenance de l'atmosphère de HR8799e et de précisément la discerner de la lumière issue de son étoile hôte.
HR8799e est un super-Jupiter, soit un monde bien différent de ceux qui composent notre Système Solaire, bien plus massif et plus jeune que les planètes qui orbitent autour du Soleil. Agée de 30 millions d'années seulement, cette exoplanète est suffisamment jeune pour offrir aux scientifiques une fenêtre sur la formation des planètes et des systèmes planétaires. Cette exoplanète est particulièrement inhospitalière – l'énergie résiduelle issue de sa formation et un puissant effet de serre portent la température de surface de HR8799e à quelque 1000 °C en effet.
C'est la toute première fois que l'interférométrie optique est utilisée pour discerner les détails d'une exoplanète. Cette nouvelle technique a permis d'obtenir un spectre d'une qualité inégalée, dix fois plus détaillé que toutes les observations antérieures. Les mesures effectuées par l'équipe ont révélé la composition de l'atmosphère de HR 8799e – quelques surprises furent au rendez-vous.
“Notre analyse a montré que HR8799e est dotée d'une atmosphère composée d'une quantité de monoxyde de carbone nettement supérieure à celle de méthane – ce qui surprend, connaissant la chimie d'équilibre”, explique Sylvestre Lacour, chercheur CNRS à l'Observatoire de Paris – PSL et à l'Institut Max Planck dédié à la Physique Extraterrestre, par ailleurs leader de l'équipe. “Ce résultat surprenant peut s'expliquer par la présence, au sein de l'atmosphère, de puissants vents verticaux qui empêchent le monoxyde de carbone de s'associer à l'hydrogène afin de donner du méthane.”
L'équipe a découvert que l'atmosphère était également composée de nuages de poussière de fer et de silicates. Ce résultat, combiné à l'excès de monoxyde de carbone, laisse à penser que l'atmosphère de HR8799e subit actuellement une énorme tempête particulièrement violente.
“Nos observations évoquent une boule de gaz illuminée de l'intérieur, des rayons de lumière chaude tourbillonnant au travers de zones orageuses constituées de nuages sombres” ajoute Lacour. “Des mouvement convectifs enserrent les nuages de particules de silicates et de fer, qui se disloquent et s'infiltrent en surface, sous la forme de pluies. En résulte l'image de l'atmosphère dynamique d'une jeune exoplanète géante, subissant de complexes processus physico-chimiques.”
Ce résultat s'appuie sur la série d'impressionnantes découvertes effectuées par GRAVITY, parmi lesquelles figure l'observation, l'an passé, de gaz tourbillonnant à une vitesse avoisinant 30% de la vitesse de la lumière en périphérie de l'horizon du trou noir massif de la Voie Lactée. Il ajoute une nouvelle méthode d'observation des exoplanètes à l'arsenal de méthodes existantes [3] dont disposent déjà les télescopes et les instruments de l'ESO – ouvrant ainsi la voie à de nombreuses autres découvertes impressionnantes [4].
Notes [1] L'instrument GRAVITY est le fruit d'une collaboration entre l'Institut Max Planck dédié à la Physique Extraterrestre (Allemagne), le LESIA à l'Observatoire de Paris – PSL / CNRS / Sorbonne Université / Univ. Paris Diderot et l'IPAG de l'Université Grenoble Alpes / CNRS (France), l'Institut Max Planck dédié à l'Astronomie (Allemagne), l'Université de Cologne (Allemagne), le CENTRA–Centre d'Astrophysique et de Gravitation (Portugal) et l'ESO.
[2] La technique de l'interférométrie permet aux astronomes de constituer un super-télescope à partir de plusieurs télescopes de dimensions réduites. Le VLTI de l'ESO est un télescope interférométrique résultant de la combinaison de deux à quatre Unités Télescopiques (UTs) du Very Large Telescope ou des quatre Télescopes Auxiliaires de plus petites dimensions. Chaque UT étant dotée d'un miroir primaire de 8,2 mètres de diamètre, leur combinaison produit un télescope caractérisé par un pouvoir de résolution 25 fois supérieur à celui d'une simple UT opérant seule.
[3] Les exoplanètes peuvent être observées au moyen de nombreuses méthodes différentes. Certaines sont indirectes, telle la méthode de la vitesse radiale utilisée par le chasseur d'exoplanètes HARPS de l'ESO, qui mesure l'effet de la gravitation d'une planète sur son étoile hôte. Les méthodes directes, telle la technique pionnière utilisée pour obtenir ce résultat, impliquent l'observation de la planète elle-même plutôt que celle de ses effets sur son étoile hôte.
[4] Parmi les récentes découvertes d'exoplanètes effectuées au moyen des télescopes de l'ESO figurent la détection, l'an passé, d'une super-Terre en orbite autour de l'étoile de Barnard, l'étoile isolée la plus proche de notre Soleil, et la découverte par ALMA de jeunes planètes en orbite autour d'une jeune étoile, au moyen d'une toute nouvelle méthode de détection exoplanétaire.
Plus d'informations : Ce travail de recherche a fait l'objet d'un article intitulé “First direct detection of an exoplanet by optical interferometry” publié au sein de la revue Astronomy and Astrophysics.
L'équipe est composée de S. Lacour (LESIA, Observatoire de Paris - PSL, CNRS, Sorbonne Universités, UPMC Univ. Paris 06, Univ. Paris Diderot, Meudon, France [LESIA]; Institut Max Planck dédié à la Physique Extraterrestre, Garching, Allemagne [MPE]), M. Nowak (LESIA), J. Wang (Département d'Astronomie, Institut de Technologie de Californie, Pasadena, Etats-Unis), O. Pfuhl (MPE), F. Eisenhauer (MPE), R. Abuter (ESO, Garching, Allemagne), A. Amorim (Université de Lisbonne, Lisbonne, Portugal; CENTRA - Centre d'Astrophysique et de Gravitation, IST, Université de Lisbonne, Lisbonne, Portugal), N. Anugu (Faculté d'Ingénierie, Université de Porto, Porto, Portugal; Ecole de Physique, Groupe d'Astrophysique, Université d'Exeter, Exeter, Royaume-Uni), M. Benisty (Univ. Grenoble Alpes, CNRS, IPAG, Grenoble, France [IPAG]), J.P. Berger (IPAG), H. Beust (IPAG), N. Blind (Observatoire de Genève, Université de Genève, Versoix, Suisse), M. Bonnefoy (IPAG), H. Bonnet (ESO, Garching, Allemagne), P. Bourget (ESO, Santiago, Chili), W. Brandner (Institut Max Planck dédié à l'Astronomie, Heidelberg, Allemagne [MPIA]), A. Buron (MPE), C. Collin (LESIA), B. Charnay (LESIA), F. Chapron (LESIA) , Y. Clénet (LESIA), V. Coudé du Foresto (LESIA), P.T. de Zeeuw (MPE; Observatoire de Leiden, Université de Leiden, Leiden, Pays-Bas), C. Deen (MPE), R. Dembet (LESIA), J. Dexter (MPE), G. Duvert (IPAG), A. Eckart (Premier Institut de Physique, Université de Cologne, Cologne, Allemagne; Institut Max Planck dédié à la Radioastronomie, Bonn, Allemagne), N.M. Förster Schreiber (MPE), P. Fédou (LESIA), P. Garcia (Faculté d'Ingénierie, Université de Porto, Porto, Portugal; ESO, Santiago, Chili; CENTRA - Centre d'Astrophysique et de Gravitation, IST, Université de Lisbonne, Lisbonne, Portugal), R. Garcia Lopez (Institut d'Etudes Avancées de Dublin, Dublin, Irlande; MPIA), F. Gao (MPE), E. Gendron (LESIA), R. Genzel (MPE; Départements de Physique et d'Astronomie, Université de Californie, Berkeley, Etats-Unis), S. Gillessen (MPE), P. Gordo (Université de Lisbonne, Lisbonne, Portugal; CENTRA - Centre d'Astrophysique et de Gravitation, IST, Université de Lisbonne, Lisbonne, Portugal), A. Greenbaum (Département d'Astronomie, Université du Michigan, Ann Arbor, Etats-Unis), M. Habibi (MPE), X. Haubois (ESO, Santiago, Chili), F. Haußmann (MPE), Th. Henning (MPIA), S. Hippler (MPIA), M. Horrobin (Premier Institut de Physique, Université de Cologne, Cologne, Allemagne), Z. Hubert (LESIA), A. Jimenez Rosales (MPE), L. Jocou (IPAG), S. Kendrew (Agence Spatiale Européenne, Institut du Télescope Spatial, Baltimore, Etats-Unis; MPIA), P. Kervella (LESIA), J. Kolb (ESO, Santiago, Chili), A.-M. Lagrange (IPAG), V. Lapeyrère (LESIA), J.-B. Le Bouquin (IPAG), P. Léna (LESIA), M. Lippa (MPE), R. Lenzen (MPIA), A.-L. Maire (Institut STAR, Université de Liège, Liège, Belgique; MPIA), P. Mollière (Observatoire de Leiden, Université de Leiden, Leiden, Pays-Bas), T. Ott (MPE), T. Paumard (LESIA), K. Perraut (IPAG), G. Perrin (LESIA), L. Pueyo (Institut du Télescope Spatial, Baltimore, Etats-Unis), S. Rabien (MPE), A. Ramírez (ESO, Santiago, Chili), C. Rau (MPE), G. Rodríguez-Coira (LESIA), G. Rousset (LESIA), J. Sanchez-Bermudez (Institut d'Astronomie, Université Nationale Autonome de Mexico, Ville de Mexico, Mexico; MPIA), S. Scheithauer (MPIA), N. Schuhler (ESO, Santiago, Chili), O. Straub (LESIA; MPE), C. Straubmeier (Premier Institut de Physique, Université de Cologne, Cologne, Allemagne), E. Sturm (MPE), L.J. Tacconi (MPE), F. Vincent (LESIA), E.F. van Dishoeck (MPE; Observatoire de Leiden, Université de Leiden, Leiden, Pays-Bas), S. von Fellenberg (MPE), I. Wank (Premier Institut de Physique, Université de Cologne, Cologne, Allemagne), I. Waisberg (MPE) , F. Widmann (MPE), E. Wieprecht (MPE), M. Wiest (Premier Institut de Physique, Université de Cologne, Cologne, Allemagne), E. Wiezorrek (MPE), J. Woillez (ESO, Garching, Allemagne), S. Yazici (MPE; Premier Institut de Physique, Université de Cologne, Cologne, Allemagne), D. Ziegler (LESIA), et G. Zins (ESO, Santiago, Chili).
L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 16 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope géant (ELT pour Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».
Liens :
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie
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Comètes C/2019 D1 (Flewelling), C/2019 E3 (ATLAS), 325P/Yang-Gao = 1951 K1
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C/2019 D1 (Flewelling) Une nouvelle comète a été découverte par Heather Flewelling sur les images obtenues le 26 Février 2016 avec le télescope de 0.5-m du projet ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System), Mauna Loa. Après publication sur les pages NEOCP (NEO Confirmation Page) et PCCP (Possible Comet Confirmation Page) du Minor Planet Center, de nombreux observateurs ont confirmé la nature cométaire de cet objet.
Les éléments orbitaux elliptiques de la comète à très longue période C/2019 D1 (Flewelling) indiquent un passage au périhélie le 11 Mai 2019 à une distance d'environ 1,5 UA du Soleil.
C/2019 E3 (ATLAS) Initialement signalé comme un nouveau candidat géocroiseur par l'équipe du projet ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System) de Mauna Loa, D. Young a par la suite rapporté que l'objet montrait des caractéristiques cométaires sur les images obtenues le 05 Mars 2019. Après publication sur les pages NEOCP (NEO Confirmation Page) et PCCP (Possible Comet Confirmation Page) du Minor Planet Center, plusieurs observateurs ont également confirmé la nature cométaire de cet objet.
Les éléments orbitaux elliptiques de la comète C/2019 E3 (ATLAS) indiquent un passage au périhélie le 16 Novembre 2023 à une distance d'environ 10,3 UA du Soleil pour cette comète à très longue période.
Les observations supplémentaires indiquent un passage au périhélie le 15 Novembre 2023 à une distance d'environ 10,3 UA du Soleil.
325P/Yang-Gao = 1951 K1 La comète 325P/YANG-GAO a été identifiée par Maik Meyer et Gary Kronk avec X/1951 K1, un objet dont l'orbite n'avait pas été déterminée avec précision faute d'observations.
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Des signaux de fumée en provenance du trou noir super-massif de la Galaxie
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Une équipe internationale impliquant des chercheurs du CEA et du CNRS, vient de découvrir l'existence de deux bulles de gaz chaud s'échappant jusqu'à des distances d'environ 500 années-lumière, de part et d'autre de l'environnement du trou noir massif situé au centre de notre Galaxie. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature du 21 mars 2019.
Tout comme les messages des amérindiens transmis par des bulles de fumée visibles de loin, les « cheminées de gaz chaud » s'échappent de part et d'autre de l'environnement du trou noir massif situé au centre de notre galaxie, jusqu'à des distances d'environ 500 années-lumière. Ces bulles de gaz chaud, qui nous renseignent sur l'activité passé intense du trou noir et des régions centrales galactiques, viennent d'être découvertes par une équipe internationale dont fait partie le département d'astrophysique du CEA-Irfu et des chercheurs du CNRS.
Un monstre endormi
Les régions situées au centre de la Voie lactée représentent un véritable laboratoire pour l'astrophysique des hautes énergies. Elles ont déjà fait l'objet de nombreuses études, notamment en rayons X, qui permettent de détecter les phénomènes les plus énergétiques de la région dont le gaz très chaud dans les environs immédiats du trou noir supermassif Sagittarius A*, situé au centre de notre galaxie. Ce trou noir central, de plus de 4 millions de fois la masse du Soleil, est actuellement largement inactif. Jusqu'ici, il est responsable seulement d'un fort rayonnement d'ondes radio et d'une très faible émission de rayons X.
Pourtant, l'observation récente par le satellite gamma de hautes énergies Fermi de larges structures vers le centre galactique, baptisées « bulles de Fermi »[1], laisse soupçonner une possible violente activité dans le passé.
Des cheminées de gaz chaud
De 2016 à 2018, une équipe de chercheurs a mobilisé le
satellite européen XMM-Newton pour établir une carte à grande échelle
de l'émission en rayons X de la région du centre de la galaxie. Cette équipe,
composée d'astrophysiciens du département d'astrophysique du CEA-Irfu, du CNRS,
du laboratoire Astroparticule et cosmologie de Paris (APC, CNRS/Université Paris Diderot/CEA/Observatoire
de Paris) et de l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (IPAG, CNRS/Université
Grenoble Alpes) avec le soutien du Centre national d'études spatiales (CNES), ont
établi près de cinquante nouvelles observations sur une durée de plusieurs
dizaines d'heures. Ces dernières se sont jointes aux observations déjà
acquises par le satellite, en orbite depuis près de vingt ans, et ont
permis d'aboutir à une image spectaculaire.
Pour Andrea Goldwurm, du Département d'Astrophysique du CEA au laboratoire Astroparticule et cosmologie de Paris, et co-auteure de cette étude : « L'hypothèse la plus convaincante est que les cheminées de gaz chaud que nous avons découvertes pourraient être le canal qui transporte l'énergie de la région active du centre de la Galaxie vers l'extérieur, alimentant ainsi les bulles de Fermi, comme le suggère leur morphologie. »
Néanmoins, le lien immédiat avec le trou noir super-massif n'est pas totalement éclairci, comme le rappelle Maïca Clavel, chercheure CNRS à l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble et co-auteure de cette publication : « Bien que ce lien ne puisse pas être entièrement exclu, en raison de l'intermittence probable de l'injection d'énergie provenant des régions centrales, la carte de l'émission radio du trou noir n'appuie pas directement l'idée que les cheminées sont une continuation des lobes radio internes. »
En dehors du trou noir massif, le centre de la galaxie est en effet très riche en étoiles. Il ne peut être exclu que l'explosion en chaine d'étoiles (supernovae) ou qu'un vent de particules issu d'étoiles très massives, soit également une source d'énergie importante alimentant le gaz chaud des cheminées.
Néanmoins, le lien établi entre les cheminées de gaz découvertes par XMM et les grandes bulles de Fermi est un indice important démontrant que l'activité du centre de notre galaxie été très intense dans le passé, il y a seulement quelques millions d'années. Le trou noir central est plus que jamais sous surveillance.
Note(s): [1] « Bulles de Fermi » : Découvertes en 2010, les « bulles de Fermi » sont deux larges volumes d'émission en rayons gamma de très hautes énergies (GeV), s'étendant sur environ 25 milliers d'années-lumière, de part et d'autre du plan galactique. Si témoignent d'une activité exceptionnelle au cœur de notre galaxie, leur origine reste un mystère. Leur association directe avec le trou noir central n'a pu encore être démontrée de façon certaine.
Référence : A.G. Ponti, F. Hofmann, E. Churazov, M. R. Morris, F. Haberl, K. Nandra, R. Terrier, M. Clavel, A. Goldwurm. An X-ray Chimney extending hundreds of parsecs above and below the Galactic Centre. Nature (2019) doi: 10.1038/s41586-019-1009-6
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Découverte d'un deuxième nuage de gaz autour de Jupiter par la sonde Galileo
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L'analyse des protons énergétiques observés par la sonde américaine Galileo de 1995 à 2003, avait permis de détecter un nuage relativement fin d'oxygène entourant Jupiter au niveau de l'orbite de la lune glacée Europe. L'existence d'un deuxième nuage de gaz, plus large et constitué d'hydrogène, vient d'être révélée grâce aux mesures de Galileo d'une autre espèce énergétique : les ions soufre. Réalisée par deux chercheurs de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (IRAP-OMP, CNRS/UT3 – Paul Sabatier/CNES), cette découverte a été publiée dans la revue Geophysical Research Letters.
L'espace proche de l'orbite d'Europe autour de Jupiter n'est pas vide mais contient des particules neutres regroupées dans un nuage, peut-être créé par l'érosion de l'atmosphère ténue de la lune ou des geysers. Ces particules neutres ne peuvent être étudiées qu'indirectement à travers l'effet qu'elles ont sur les ions énergétiques des ceintures de radiations de Jupiter. En 2003, les chercheurs ont mis en avant l'existence du nuage d'Europe en s'intéressant aux mesures de protons. Etonnamment, aucune signature du nuage ne fut trouvée pour les ions soufre à l'époque. Diverses hypothèses furent avancées pour expliquer cette incohérence qui peut remettre en doute l'existence même du nuage.
Récemment, les données des ions soufre relevées il y a plus de quinze ans grâce à la sonde américaine et son instrument de mesure de particules énergétiques, ont été de nouveau analysées en adoptant une nouvelle approche : là où l'étude de 2003 s'est intéressée à des orbites pendant lesquelles Galileo était à haute latitude, les prédictions théoriques de l'effet du nuage nous indiquent qu'il faut se concentrer sur les orbites à faible latitude, au plus près de l'équateur. Les signatures attendues ont été alors découvertes dans les mesures d'ions soufre, ce qui confirme l'existence des particules neutres. De plus, la caractérisation du nuage à partir de deux espèces énergétiques différentes permet d'affirmer que ce n'est pas un nuage qui a été détecté, mais deux : un nuage fin d'oxygène révélé par les protons et un nuage épais d'hydrogène montré par les ions soufre.
Cette découverte va avoir un impact direct et immédiat sur les opérations scientifiques en cours autour de Jupiter. En effet, les équipes scientifiques de la sonde américaine Juno, actuellement en orbite autour de la planète géante, ont pris en compte cette découverte et se tiennent désormais prêtes à observer les deux nuages à partir de novembre 2019, lorsque la sonde aura une trajectoire propice. La mission européenne JUICE arrivera autour de Jupiter en 2029 et a parmi ses objectifs scientifiques principaux, la caractérisation des nuages neutres d'Europe.
Référence : Q. Nénon, N. André. Evidence of Europa neutral gas torii from energetic sulfur ion measurements. Geophysical Research Letters (2019) doi: 10.1029/2019GL082200
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Comètes C/2019 A9 (PANSTARRS), P/2003 L1 = 2019 E1 (Scotti), P/2005 Y2 = 2019 E2 (McNaught)
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C/2019 A9 (PANSTARRS) Un objet découvert le 14 Janvier 2019 par l'équipe de recherche de Pan-STARRS (Panoramic Survey Telescope & Rapid Response System) avec le télescope Ritchey-Chretien de 1.8-m, et initialement rapporté en tant qu'astéroïde, a révélé sa nature cométaire après publication sur les pages NEOCP (NEO Confirmation Page) et PCCP (Possible Comet Confirmation Page) du Minor Planet Center. Des images antérieures à la découverte, obtenues le 18 Décembre 2018 par Pan-STARRS 1, ont également été identifiées.
Les éléments orbitaux elliptiques de la comète C/2019 A9 (PANSTARRS) indiquent un passage au périhélie le 26 Juillet 2019 à une distance d'environ 1,4 UA du Soleil pour cette comète à très longue période (~242 ans).
P/2003 L1 = 2019 E1 (Scotti) La comète P/2003 L1 (Scotti), découverte initialement le 04 Juin 2003 par Jim Scotti avec le télescope de surveillance Spacewatch II et observée pour la dernière fois le 20 Juin 2003, a été retrouvée par Erwin Schwab sur les images obtenues les 09 et 10 Mars 2019 avec le télescope de 1.0-m f/4.4 de l'ESA Optical Ground Station, Tenerife.
Pour ce nouveau retour, les éléments orbitaux de la comète P/2003 L1 = 2019 E1 (Scotti) indiquent un passage au périhélie le 11 Juillet 2020 à une distance d'environ 5,0 UA du Soleil, et une période d'environ 17,3 ans pour cette comète de la famille de Jupiter.
Satisfaisant aux conditions requises, la comète P/2003 L1 = 2019 E1 (Scotti) a reçu la dénomination définitive de 377P/Scotti en tant que 377ème comète périodique numérotée.
P/2005 Y2 = 2019 E2 (McNaught) La comète P/2005 Y2 (McNaught) a été retrouvée par Erwin Schwab (ESA Optical Ground Station, Tenerife), lequel a décrit l'objet comme ne montrant pas de coma ni de queue sur les images obtenues le 10 mars 2019 avec le télescope de 1.0-m f/4.4. Lothar Kurtze (via Haleakala-Faulkes Telescope North) a rapporté des images de confirmation obtenues le 18 Mars 2019 ne montrant à nouveau ni coma ni queue.
P/2005 Y2 (McNaught), découverte intialement par Rob McNaught sur les images prises le 30 Décembre 2005 avec le télescope Uppsala Schmidt de 0.5-m, avait été observée pour la dernière fois le 11 Décembre 2009.
Pour ce nouveau retour, les éléments orbitaux de la comète P/2005 Y2 = 2019 E2 (McNaught) indiquent un passage au périhélie le 22 Octobre 2020 à une distance d'environ 3,3 UA du Soleil, et une période d'environ 16 ans pour cette comète de la famille de Jupiter.
Satisfaisant aux conditions requises, la comète P/2005 Y2 = 2019 E2 (McNaught) a reçu la dénomination définitive de 378P/McNaught en tant que 378ème comète périodique numérotée
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Le Grand Nuage de Magellan est à 162 000 années-lumière de distance
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La distance au Grand Nuage de Magellan, galaxie satellite la plus proche de la Voie Lactée, est déterminée avec une précision inégalée et symbolique de 1 %. Fruit de travaux menés depuis plus de 20 ans, ce résultat remarquable auquel ont contribué des chercheurs du laboratoire Joseph-Louis Lagrange (LAGRANGE, Université Côte d'Azur/ Observatoire de la Côte d'Azur/CNRS) et du Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA, CNRS/Observatoire de Paris/Sorbonne Université/Université Paris-Diderot) parait dans la revue Nature, le 14 mars 2019.
Le Grand Nuage de Magellan (GNM) sert de point d'ancrage pour étalonner les échelles de distance dans l'Univers. C'est dire l'importance de ces travaux récents qui, par échafaudage, mènent à la détermination de la constante de Hubble, une quantité fondamentale en cosmologie qui caractérise le taux d'expansion de l'Univers.
Les céphéides, méthode classique
Le Grand Nuage de Magellan abrite un grand nombre de céphéides, un type d'étoiles pulsantes particulièrement brillantes. Ces étoiles supergéantes se singularisent par la relation existant entre leur période de variation lumineuse et leur luminosité intrinsèque: les céphéides varient avec une période d'autant plus longue qu'elles sont plus brillantes, selon la loi de Leavitt. Cette loi a été découverte par l'astronome américaine Henrietta Leavitt en 1908 grâce à l'étude des céphéides du Grand Nuage de Magellan, où plus de 4000 céphéides sont aujourd'hui répertoriées.
Appliquée aux céphéides détectées dans les galaxies lointaines, la loi de Leavitt permet d'étalonner la luminosité intrinsèque d'un indicateur secondaire de distance permettant d'aller encore plus loin: les supernovae de Type 1a ou SN1a. Ces explosions d'étoile des évènements rares mais extrêmement brillants, et donc détectables à de très grandes distances de plusieurs milliards d'années-lumière. A l'affût des supernovae SN1a, les astronomes cartographient l'univers, et peuvent déterminer le taux d'expansion de l'univers, quantifié par la constante de Hubble H0. Grâce à ces mesures de distance obtenues de proche en proche, on peut ainsi étudier un des problèmes les plus épineux de la cosmologie moderne: la nature de l'énergie noire.
Il existe dans la littérature plusieurs centaines d'estimations de distance du Grand Nuage de Magellan, basées sur un grand nombre d'indicateurs de distance astrophysiques différents, dont les céphéides. Néanmoins, chaque méthode possède ses propres biais.
Une méthode infaillible
Au sein du projet international Araucaria, les chercheurs ont étudié des étoiles binaires à éclipses situées dans le Grand Nuage de Magellan. Ces objets remarquables sont constitués de deux étoiles en orbite autour de leur centre de gravité, qui s'éclipsent mutuellement à intervalle régulier.
Les variations de lumière enregistrées lors des éclipses, associées aux variations de vitesse de chacune des deux étoiles, permettent de contraindre avec une grande précision leurs diamètres linéaires. Parallèlement, on utilise le fait que ces étoiles émettent de la lumière selon une relation très précise entre la température ou la couleur de l'étoile, sa magnitude apparente et son diamètre angulaire (sa taille apparente). La combinaison de l'estimation du diamètre linéaire des deux étoiles de la binaire à éclipse, avec celle de leurs diamètres angulaires, permet d'obtenir une mesure précise de sa distance.
L'application pratique de cette technique de mesure est cependant difficile, car les binaires à éclipses visées dans cette étude sont des objets « froids » et qui émettent relativement peu de lumière. Ainsi, l'équipe du projet Araucaria a suivi près de 35 millions d'étoiles dans le GNM pendant plus de 20 ans. Sur ces 35 millions d'objets, vingt binaires à éclipses seulement ont été soigneusement sélectionnées, puis suivies à l'aide de grands télescopes pendant plus de 15 ans. En combinant la distance estimée des vingt binaires à éclipse observées, l'équipe a mesuré une distance au GMN de 162 000 années-lumière, soit 1 530 000 000 000 000 000 km (1,53 milliard de milliards de kilomètres) avec une précision encore jamais atteinte de 1 %.
Retombées fondamentales pour l'astrophysique
Il s'agit de la première mesure de distance d'une galaxie avec une telle précision. Elle donne ainsi la meilleure référence absolue pour l'échelle des distances extragalactiques et donc pour la mesure de la constance de Hubble, actuellement objet d'une controverse.
Cette mesure est aussi fondamentale pour mieux comprendre la nature de la mystérieuse énergie noire. D'autres retombées sont attendues comme une meilleure connaissance de toutes les classes d'objets célestes situés dans le GMN, ou encore l'étalonnage et la validation d'autres méthodes de mesure de distance, par exemple les mesures de parallaxes obtenues par le satellite européen Gaia de l'Agence Spatiale Européenne (ESA).
L'apport français à ce résultat est décisif et relève d'une expertise reconnue en interférométrie optique à longue base. L'obtention d'une telle précision n'aurait pas été possible sans un nouvel étalonnage de la relation entre la couleur de l'étoile, sa magnitude apparente et son diamètre angulaire. Il a été réalisé grâce à l'instrument français PIONIER placé au foyer du grand interféromètre optique européen de l'Observatoire Européen Austral (ESO), le Very Large Telescope Interferometer (VLTI) installé au nord du Chili. Les équipes françaises possèdent une position privilégiée au niveau international pour la conception, le développement et l'exploitation des instruments interférométriques.
Ces travaux de recherche rapportés ont bénéficié du soutien de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR, projet UnlockCepheids) et du Conseil Européen de la Recherche (ERC, projet CepBin).
Référence : G. Pietrzynski, D. Graczyk, A. Gallenne, W. Gieren, I. B. Thompson, B. Pilecki, P. Karczmarek, M. Górski, K. Suchomska, M. Taormina, B. Zgirski, P. Wielgórski, Z. Kolaczkowski, P. Konorski, S. Villanova, N. Nardetto, P. Kervella, F. Bresolin, R. P. Kudritzki, J. Storm, R. Smolec & W. Narloch. A distance to the Large Magellanic Cloud that is precise to one per cent Nature (2019) doi: 10.1038/s41586-019-0999-4
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Une Chauve-Souris Cosmique en plein vol
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Le Programme des Joyaux Cosmiques de l'ESO capture les nuages poussiéreux de la Chauve-Souris cosmique
Dissimulée dans l'un des plus sombres recoins de la constellation d'Orion, cette Chauve-Souris Cosmique déploie ses ailes brumeuses dans l'espace interstellaire, sur quelque deux années-lumière. Elle est illuminée par les jeunes étoiles nichées en son sein – bien qu'encerclées d'épais nuages de poussière, leur rayonnement baigne la nébuleuse. Trop faiblement lumineuse pour être aperçue à l'oeil nu, NGC 1788 révèle, sur cette image – la plus détaillée à ce jour – ses douces couleurs au Very Large Telescope de l'ESO.
Crédit : ESO
Le Very Large Telescope (VLT) de l'ESO a cartographié une nébuleuse éthérée dans les sombres recoins de la constellation d'Orion (Le Chasseur) – NGC 1788, baptisée la Chauve-Souris Cosmique. Cette nébuleuse en réflexion en forme de chauve-souris n'émet pas de lumière – elle est en réalité illuminée par un amas de jeunes étoiles enfoui au sein d'épais nuages de poussière. Les instruments d'observation se sont nettement améliorés depuis la première détection de NGC 1788. Cette image acquise par le VLT offre la description la plus détaillée à ce jour de cette nébuleuse.
Cette nébuleuse fantomatique paraît isolée des autres objets cosmiques qui composent la constellation d'Orion. Toutefois, aux dires des astronomes, il semblerait qu'elle ait été sculptée par les puissants vents stellaires issus des étoiles massives situées à proximité directe. Ces flux de plasma porté à température élevée sont éjectés de la haute atmosphère des étoiles à des vitesses incroyables, sculptant les nuages qui isolent les étoiles naissantes de la Chauve-Souris Cosmique.
La première description de NGC 1788 incombe à l'astronome anglo-allemand William Herschel, qui la classa au sein du New General Catalogue (NGC) [1], un catalogue qui, ultérieurement, constitua la base de l'un des catalogues les plus étendus d'objets du ciel profond. Une splendide image de cette petite nébuleuse faiblement lumineuse avait déjà été acquise par le télescope MPG/ESO de 2,2 mètres de diamètre opérant depuis l'Observatoire de La Silla de l'ESO. Cette nouvelle image la relègue aux oubliettes. Figées en plein vol, les ailes poussiéreuses de cette Chauve-Souris Cosmique ont été capturées, dans les détails les plus fins, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'un des instruments les plus polyvalents de l'ESO, le FOcal Reducer and low dispersion Spectrograph 2?(FORS2).
L'instrument FORS2 équipe Antu, l'un des télescopes de 8,2 mètres du VLT à l'Observatoire de Paranal. Sa capacité à imager de vastes régions du ciel en montrant des détails exceptionnels en a fait un instrument particulièrement prisé de la flotte d'instruments scientifiques de pointe de l'ESO. Depuis qu'il a capté sa première lumière voici 20 ans, FORS2 s'est forgé la réputation de “couteau suisse des instruments d'observation”. Ce surnom s'explique au travers de sa vaste palette de fonctions [2]. La polyvalence de FORS2 dépasse le cadre d'une utilisation purement scientifique – sa capacité à capturer de magnifiques images de qualité élevée telle celle-ci en fait un instrument particulièrement utile à la sensibilisation du grand public.
Cette image fut acquise dans le cadre du programme des Joyaux Cosmiques de l'ESO dont l'objectif est de produire, au moyen des télescopes de l'ESO, des images intéressantes, intrigantes ou visuellement attrayantes d'objets célestes, à des fins de transmission et de diffusion auprès du grand public. Le programme utilise du temps de télescope qui ne peut être dévolu aux observations scientifiques et, grâce à FORS2, produit des images époustouflantes de certains des objets les plus surprenants du ciel nocturne, telle celle de cette nébuleuse en réflexion. Dans l'éventualité où les données recueillies pourraient présenter un intérêt scientifique, ces observations sont sauvegardées et mises à disposition des astronomes au travers des archives scientifiques de l'ESO.
Notes [1] En 1964, John Herschel publia le Catalogue Général des Nébuleuses et des Amas sur la base de catalogues étendus, composés de plus cinq mille objets étonnants du ciel profond. Vingt-quatre années plus tard, ce catalogue fut enrichi par John Louis Emil Dreyer et publié sous l'intitulé Nouveau Catalogue Général des Nébuleuses et des Amas d'Etoiles (NGC), un ensemble complet d'objets du ciel profond.
[2] Outre sa capacité à imager de vastes régions du ciel avec une résolution élevée, FORS2 se distingue au travers de sa capacité à établir le spectre de multiples objets du ciel nocturne et à analyser la polarisation de la lumière qu'ils émettent. Les données issues de FORS2 donnent chaque année lieu à la publication de plus de 100 articles scientifiques.
Plus d'informations : L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 16 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope géant (ELT pour Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».
Liens : - NGC 1788 vue par le télescope MPG/ESO de 2,2 mètres - Le Programme des Joyaux Cosmiques de l'ESO
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie
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Des glaciers antiques sur Mars ! Sur les traces d'une époque glaciaire ancienne…
Une récente étude a permis de mettre en évidence pour la première fois des
vallées glaciaires et de cirques glaciaires datés de 3,6 Ga sur Mars. Une approche morphométrique
comparative entre la Terre et Mars a été utilisée afin de caractériser
l'origine des vallées anciennes. Définir l'agent érosif de ces vallées (glace
ou eau liquide) permet de mieux contraindre le climat primitif, très controversé,
de la planète Mars. Ces paysages glaciaires anciens sont similaires aux paysages glaciaires sur
Terre. Ils ont pu être identifiés et préservés jusqu'à aujourd'hui
par la forte emprunte morphologique qu'ils laissent dans le paysage martien. . [Source : Actualités du CNRS-INSU]
Au Nicaragua, une dépression de 14 kilomètres de diamètre formée
par le récent impact d'un astéroïde : La première étude détaillée
d'une large dépression circulaire de 14 kilomètres de diamètre dans les montagnes
du nord du Nicaragua, nommée Pantasma, montre qu'elle résulte de l'impact d'un astéroïde
il y a 800 000 ans. Les preuves de l'existence de cet impact proviennent de la détection de deux
phases de haute pression et de traces de matière extraterrestre. Pantasma est le premier cratère
d'impact découvert en Amérique centrale, et seulement le quatrième de plus de dix
kilomètres et de moins de trois millions d'années connu sur Terre. [Source : Actualités du CNRS-INSU]
Quand la géologie révèle les secrets du Système solaire
passé : À cause de la nature chaotique du Système solaire, les astronomes estimaient
jusqu'à maintenant qu'il était impossible de calculer la position et l'orbite des planètes
au-delà de 60 millions d'années dans le passé. Une équipe internationale
vient de faire sauter cette barrière en montrant comment l'analyse de données géologiques
permet de remonter à l'état du Système solaire il y a 200 millions d'années.
Cette étude, à laquelle a participé un astronome du CNRS de l'Institut de mécanique
céleste et de calcul des éphémérides (Observatoire de Paris - PSL/CNRS/Sorbonne
Université/Université de Lille), est publiée dans Proceedings of the National
Academy of Sciences la semaine du 4 mars 2019. [Source : Communiqué de Presse du CNRS]
Que pèse la Voie lactée? Hubble et Gaia enquêtent
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Nous vivons dans une gigantesque ville étoilée. Notre galaxie de la Voie lactée contient environ 200 milliards d'étoiles. Mais ce n'est que la partie nue de l'iceberg. La Voie Lactée est entourée de vastes quantités d'un matériau inconnu appelé matière noire qui est invisible car il ne dégage aucun rayonnement. Les astronomes savent qu'il existe parce que, de manière dynamique, la galaxie volerait en éclats si la matière noire ne maintenait pas un couvercle gravitationnel sur les choses.
Néanmoins, les astronomes souhaiteraient disposer d'une mesure précise de la masse de la galaxie afin de mieux comprendre comment les myriades de galaxies dans l'Univers se forment et évoluent. La masse des autres galaxies varie de 1 milliard à 30.000 milliards de masses solaires. Comment notre Voie lactée est-elle comparable ?
Des astronomes curieux ont associé le télescope spatial Hubble et le satellite Gaia de l'Agence spatiale européenne pour étudier précisément les mouvements d'amas d'étoiles globulaires qui gravitent autour de notre galaxie comme des abeilles autour d'une ruche. Plus les amas se déplacent rapidement sous l'attraction gravitationnelle de la galaxie, plus elle est massive. Les chercheurs ont conclu que la galaxie pesait 1.500 milliards de masses solaires, la plus grande partie étant emprisonnée dans la matière noire. Par conséquent, la Voie Lactée est une galaxie "Goldilocks", ni trop grande ni trop petite. Parfait!
Credit : Artwork: NASA, ESA, and A. Feild (STScI); Science: NASA, ESA, and L. Watkins (ESO)
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Satellite de (41) Daphne [MPEC
2019-E58] : Le Minor Planet Center a attribué la désignation permanente de (41) Daphne
I au satellite S/2008 (41) 1 découvert par A. R. Conrad et al. (IAUC 8930). Le Groupe de travail
de l'IAU sur la nomenclature des petits corps de l'Union Astronomique Internationale (IAU Working Group
on Small Body Nomenclature) a approuvé le nom de Peneius pour ce satellite. Les découvreurs
ont fourni la citation suivante : "Dans la mythologie grecque, Pénée (Peneius) était
un dieu fleuve et le père de la nymphe Daphné (Daphne). En tentant d'éviter la poursuite
d'Apollo, Daphné demanda à son père de la protéger, ce qu'il a assuré
en la transformant en un laurier."
Comète C/2019 B3 (PANSTARRS)
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C/2019 B3 (PANSTARRS) Cet objet a été initialement signalé comme une possible comète par R. Weryk, R. Wainscoat et Y. Ramanjooloo, qui ont décrit que celui-ci avait une FWHM d'environ 1,8" (comparée à une FWHM de 1,15" +/- 0,03" pour les étoiles voisines), avec une asymétrie en direction du nord-est sur les images obtenues le 24 Janvier 2019 avec Pan-STARRS 1. La nature cométaire de l'objet a été confirmée par la suite par plusieurs astrométristes après publication sur les pages NEOCP (NEO Confirmation Page) et PCCP (Possible Comet Confirmation Page) du Minor Planet Center.
Les éléments orbitaux hyperboliques de la comète C/2019 B3 (PANSTARRS) indiquent un passage au périhélie le 19 Janvier 2021 à une distance d'environ 6,8 UA du Soleil.
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
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