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Hubble révèle une «Ombre de Chauve-souris» cosmique géante
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Un disque formant une planète autour d'une étoile naissante projette une ombre colossale
Comme une mouche qui se promène dans le faisceau d'une lampe de poche, le disque formant une planète d'une jeune étoile projette une ombre géante, surnommée la «Bat Shadow» («Ombre de Chauve-souris»). La vision proche de l'infrarouge de Hubble a capturé l'ombre du disque de cette étoile naissante, qui réside à près de 1 300 années-lumière dans une pépinière stellaire appelée Serpens Nebula. Dans cette image de Hubble, l'ombre s'étend sur environ 200 fois la longueur de notre Système solaire. Elle est visible dans la partie supérieure droite de l'image. La jeune étoile et son disque ressemblent vraisemblablement à ce à quoi ressemblait le Système solaire à l’âge de 1 ou 2 millions d’années.
Serpens Nebula HBC 672 - Crédit : NASA, ESA, and STScI
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Les observations les plus détaillées de la matière orbitant à proximité d'un trou noir
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L'instrument GRAVITY de l'ESO confirme l'existence supposée d'un trou noir au centre de la Voie Lactée
L'exceptionnelle sensibilité de l'instrument GRAVITY de l'ESO a apporté un nouvel élément de confirmation de l'existence présupposée d'un trou noir supermassif au centre de la Voie Lactée. De nouvelles observations stipulent en effet la présence de gaz tourbillonnant à une vitesse inférieure à trois fois celle de la lumière le long d'une orbite circulaire située en périphérie de l'horizon des événements. C'est la toute première fois que de la matière est observée à si grande proximité du point de non retour. En outre, il s'agit des observations les plus détaillées à ce jour de matière orbitant à si grande proximité d'un trou noir.
Premières observations détaillées de la matière orbitant à proximité d'un trou noir - Crédit : ESO/Gravity Consortium/L. Calçada
Des scientifiques membres d'un consortium d'institutions européennes, parmi lesquelles l'ESO [1], ont utiilisé l'instrument GRAVITY qui équipe l'Interféromètre du Very Large Telescope (VLT) de l'ESO pour observer les émissions de rayonnement infrarouge en provenance du disque d'accrétion qui entoure Sagittarius A*, l'objet massif situé au cœur de la Voie Lactée. Les sursauts de luminosité observés offrent la confirmation tant attendue que l'objet situé au centre de notre galaxie est bel et bien un trou noir supermassif. Les sursauts sont émis par la matière qui orbite à très grande proximité de l'horizon des événements du trou noir. Il s'agit des observations les plus détaillées à ce jour de la matière se déplaçant à si grande proximité d'un trou noir.
La matière composant le disque d'accrétion – l'anneau de gaz qui orbite autour de Sagittarius A* à des vitesses relativistes [2] – peut se déplacer autour du trou noir en toute sécurité. En revanche, tout objet qui s'en rapproche trop est condamné à traverser l'horizon des événements. Ainsi, l'ensemble des positions que la matière peut occuper sans se trouver irrésistiblement attirée par l'énorme masse centrale définit l'orbite stable la plus proche du trou noir. De cette orbite proviennent les éruptions observées.
“Le spectacle de la matière orbitant autour d'un trou noir massif à quelque 30% de la vitesse de la lumière est tout simplement époustouflant”, précise Oliver Pfuhl, scientifique au MPE. “L'exceptionnelle sensibilité de GRAVITY nous a permis d'observer les processus d'accrétion en temps réel et avec des détails inégalés.”
Ces mesures ont été possibles grâce à une collaboration internationale et à une instrumentation de pointe [3]. L'instrument GRAVITY a joué un rôle fondamental : il a permis de combiner la lumière en provenance des quatre télescopes du VLT de l'ESO et donc de créer un super télescope virtuel de 130 mètres de diamètre. Par le passé, il avait déjà permis de sonder la nature de Sagittarius A*.
En début d'année, GRAVITY et SINFONI, un autre instrument installé sur le VLT, avaient permis à la même équipe de précisément caractériser le survol rapproché de l'étoile S2 et donc sa traversée de l'intense champ gravitationnel généré par Sagittarius A*. Pour la première fois, la théorie de la relativité générale d'Einstein se trouvait confirmée dans un environnement aussi extrême. Au cours du survol rapproché de S2, un intense rayonnement infrarouge fut également détecté.
“Nous avons suivi le mouvement de S2 avec attention, tout en observant Sagittarius A*,” précise Oliver Pfuhl. “Lors de nos observations, nous avons eu la chance de détecter trois brillantes éruptions issues des environs du trou noir – il s'agissait d'une heureuse coïncidence !”
Cette émission issue d'électrons hautement énergétiques situés à très grande proximité du trou noir s'est traduite par la survenue de trois fortes éruptions de lumière. Ce phénomène est en accord parfait avec les prévisions théoriques concernant les points chauds en orbite autour d'un trou noir doté de quatre millions de masses solaires [4]. Les éruptions sont censées provenir d'interactions magnétiques au sein du gaz très chaud orbitant à très grande proximité de Sagittarius A*.
Reinhard Genzel de l'Institut Max Planck dédié à la Physique Extraterrestre (MPE) à Garching en Allemagne, a piloté cette étude. Il conclut ainsi : “Cela a toujours été l'un de nos rêves, jamais pourtant nous n'aurions osé espérer qu'il se réalise si rapidement”. Se référant à l'hypothèse selon laquelle Sagittarius A* constitue un trou noir supermassif, Genzel ajoute : “Ce résultat offre la confirmation du paradigme du trou noir massif. ”
Notes[1] Ce travail de recherche a été mené par des scientifiques de l'Institut Max Planck dédié à la Physique Extraterrestre (MPE), de l'Observatoire de Paris, de l'Université Grenoble Alpes, CNRS, de l'Institut Max Planck dédié à l'Astronomie, de l'Université de Cologne, du Centre d'Astrophysique et de la Gravitation (CENTRA) Portugais, et de l'ESO.
[2] Aux vitesses relativistes, les effets de la Théorie de la Relativité d'Einstein deviennent significatifs. Dans le cas du disque d'accrétion qui entoure Sagittarius A*, le gaz se déplace à une vitesse voisine de 30% de la vitesse de la lumière.
[3] GRAVITY fut conçu par une collaboration composée de l'Institut Max Planck dédié à la Physique Extraterrestre (Allemagne), du LESIA de l'Observatoire de Paris – PSL / CNRS / Sorbonne Université/Univ. Paris Diderot et de l'IPAG de l'Université Grenoble Alpes/CNRS (France), de l'Institut Max Planck dédié à l'Astronomie (Allemagne), de l'Université de Cologne (Allemagne), du Centre d'Astrophysique et de la Gravitation (Portugal) et de l'ESO.
[4] La masse solaire est une unité astronomique. Elle désigne la masse du Soleil et équivaut à 1.989 × 1030 kg. Sgr A* est donc dotée d'une masse 1,3 trillion de fois supérieure à celle de la Terre.
Plus d'informations : Ce travail de recherche a fait l'objet d'un article intitulé "Detection of Orbital Motions Near the Last Stable Circular Orbit of the Massive Black Hole SgrA*", par la Collaboration GRAVITY, paru au sein de la revue Astronomy & Astrophysics le 31 octobre 2018.
L'équipe de la Collaboration GRAVITY est composée de : R. Abuter (ESO, Garching, Germany), A. Amorim (Universidade de Lisboa, Lisbon, Portugal), M. Bauböck (Max Planck Institute for Extraterrestrial Physics, Garching, Germany [MPE]), J.P. Berger (Univ. Grenoble Alpes, CNRS, IPAG, Grenoble, France [IPAG]; ESO, Garching, Germany), H. Bonnet (ESO, Garching, Germany), W. Brandner (Max Planck Institute for Astronomy, Heidelberg, Germany [MPIA]), Y. Clénet (LESIA, Observatoire de Paris, PSL Research University, CNRS, Sorbonne Universités, UPMC Univ. Paris 06, Univ. Paris Diderot, Meudon, France [LESIA])), V. Coudé du Foresto (LESIA), P. T. de Zeeuw (Sterrewacht Leiden, Leiden University, Leiden, The Netherlands; MPE), C. Deen (MPE), J. Dexter (MPE), G. Duvert (IPAG), A. Eckart (University of Cologne, Cologne, Germany; Max Planck Institute for Radio Astronomy, Bonn, Germany), F. Eisenhauer (MPE), N.M. Förster Schreiber (MPE), P. Garcia (Universidade do Porto, Porto, Portugal; Universidade de Lisboa Lisboa, Portugal), F. Gao (MPE), E. Gendron (LESIA), R. Genzel (MPE; University of California, Berkeley, California, USA), S. Gillessen (MPE), P. Guajardo (ESO, Santiago, Chile), M. Habibi (MPE), X. Haubois (ESO, Santiago, Chile), Th. Henning (MPIA), S. Hippler (MPIA), M. Horrobin (University of Cologne, Cologne, Germany), A. Huber (MPIA), A. Jimenez Rosales (MPE), L. Jocou (IPAG), P. Kervella (LESIA; MPIA), S. Lacour (LESIA), V. Lapeyrère (LESIA), B. Lazareff (IPAG), J.-B. Le Bouquin (IPAG), P. Léna (LESIA), M. Lippa (MPE), T. Ott (MPE), J. Panduro (MPIA), T. Paumard (LESIA), K. Perraut (IPAG), G. Perrin (LESIA), O. Pfuhl (MPE), P.M. Plewa (MPE), S. Rabien (MPE), G. Rodríguez-Coira (LESIA), G. Rousset (LESIA), A. Sternberg (School of Physics and Astronomy, Tel Aviv University, Tel Aviv, Israel, Center for Computational Astrophysics, Flatiron Institute, New York, USA), O. Straub (LESIA), C. Straubmeier (University of Cologne, Cologne, Germany), E. Sturm (MPE), L.J. Tacconi (MPE), F. Vincent (LESIA), S. von Fellenberg (MPE), I. Waisberg (MPE), F. Widmann (MPE), E. Wieprecht (MPE), E. Wiezorrek (MPE), J. Woillez (ESO, Garching, Germany), S. Yazici (MPE; University of Cologne, Cologne, Germany).
L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 15 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope géant (ELT pour Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».
Liens : - Photos de l'ESO du Centre Galactique
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie
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Comète P/2006 D1 = 2018 T1 (Hill)
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P/2006 D1 = 2018 T1 (Hill) La comète P/2006 D1 (Hill), découverte initialement par Rik Hill dans le cadre du Catalina Sky Survey, a été retrouvée par Krisztián Sarneczky (University of Szeged, Piszkesteto Stn., Konkoly) sur les images CCD obtenues le 05 Octobre 2018 avec le télescope Schmidt de 0.60-m montrant que l'objet est complètement stellaire et le 06 Octobre avec le télescope Ritchey-Chretien de 1.02-m où l'objet ne présentait ni chevelure ni queue.
La comète P/2006 D1 (Hill), observée pour la dernière fois le 07 Avril 2006, était passée au plus près du Soleil le 06 Novembre 2005.
Pour ce nouveau retour, les éléments orbitaux de la comète P/2006 D1 = 2018 T1 (Hill) indiquent un passage au périhélie le 21 Décembre 2018 à une distance d'environ 1,9 UA du Soleil, et une période d'environ 13,1 ans pour cette comète de la famille de Jupiter.
Satisfaisant aux conditions requises, la comète P/2006 D1 = 2018 T1 (Hill) a reçu la dénomination définitive de 375P/Hill en tant que 375ème comète périodique numérotée.
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Cassini détecte pour la première fois des tempêtes de poussière sur Titan
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Les données de la mission internationale Cassini-Huygens, qui a exploré Saturne et ses lunes entre 2004 et 2017, ont révélé ce qui semble être des tempêtes de poussière dans les régions équatoriales de Titan. Cette découverte, décrite par une équipe de chercheurs internationale [1], fait de Titan seulement le troisième corps du système solaire où des tempêtes de poussière ont été observées, après la Terre et Mars. Cette observation aide les scientifiques à mieux comprendre l'environnement fascinant et dynamique de la plus grande lune de Saturne.
« Titan est une lune très active », indique Sébastien Rodriguez, astrophysicien à l'Université Paris Diderot (France) et auteur principal de l'article. « Nous le savions déjà pour sa géologie et son cycle d'hydrocarbures. Maintenant, nous pouvons ajouter une autre analogie avec la Terre et Mars : un cycle actif de la poussière. Sur Titan, cette poussière serait en fait constituée par des particules d'aérosols organiques produites dans l'atmosphère, et qui chuterait pour s'accumuler au sol. Ce que nous aurions observé avec Cassini, c'est que cette poussière organique pourrait être soulevée en de gigantesques nuages juste au-dessus des grands champs de dunes équatoriaux de Titan, comme cela peut se produire sur Terre. »
Titan est un monde exotique et intrigant - d'une certaine façon très semblable à celui de la Terre. En fait, c'est la seule lune du système solaire avec une atmosphère dense, et le seul corps autre que notre planète où des étendues stables de liquide existent en surface.
Il y a cependant une grande différence : alors que sur Terre les rivières, lacs et mers sont remplis d'eau, sur Titan c'est surtout le méthane qui coule dans ces réservoirs liquides. Dans ce cycle unique du méthane, les molécules d'hydrocarbures s'évaporent, se condensent en nuages et retombent en pluie sur le sol.
La météorologie active de Titan varie d'une saison à l'autre, tout comme sur Terre. En particulier autour de l'équinoxe, le moment où le Soleil traverse l'équateur de Titan, des nuages massifs peuvent se former dans les régions tropicales et provoquer de fortes tempêtes de méthane. Cassini a observé ce type d'évènements pendant plusieurs de ses survols de Titan.
Lorsque Sébastien et son équipe ont repéré de brefs sursauts de brillance près de l'équateur de Titan dans les images infrarouges de l'instrument VIMS (Visual and Infrared Mapping Spectrometer) à bord de Cassini, au moment de l'équinoxe de printemps entre 2009 et 2010, ils ont tout d'abord pensé qu'il pourrait s'agir de ces mêmes nuages de méthane. Une enquête approfondie a cependant révélé qu'il s'agissait de quelque chose de complètement différent.
« D'après ce que nous savons de la formation de nuages sur Titan, nous pouvons dire que de tels nuages de méthane, dans cette région et à cette période de l'année, ne sont pas physiquement possibles, dit Sébastien. Les nuages de méthane convectifs qui peuvent se former dans cette région et à cette période seraient très opaques, constitués de particules bien plus grosses et devraient être situés à une altitude bien plus élevée que ce que nous révèle la modélisation du signal infrarouge de ces structures. »
La modélisation de leur signal infrarouge a ainsi montré que, si ces évènements singuliers sont effectivement d'origine atmosphérique, ils semblent être confinés très proche de la surface (à moins de dix kilomètres d'altitude). De plus, leur signature chimique semble indiquer qu'il s'agit plus vraisemblablement d'une couche ténue de minuscules particules organiques solides en suspension. Comme celles-ci se trouvaient juste au-dessus des vastes mers de sable organique de Titan, il ne restait alors qu’une explication : ces évènements seraient en fait de gigantesques nuages de poussière organique soulevés depuis les dunes.
Bien qu'il s'agisse de la toute première observation d'une tempête de poussière sur Titan, cette découverte n'est pas surprenante pour Sébastien.
« Nous pensons que la sonde Huygens, qui a atterri à la surface de Titan en janvier 2005, a soulevé une petite quantité de poussière organique à son arrivée, et que, compte tenu de l'origine atmosphérique de cette poussière, la surface de Titan devrait en être très largement recouverte. » explique Sébastien. « Mais ce que nous avons vu ici avec Cassini est à une bien plus grande échelle. Près de la surface, la vitesse des vents doit être très forte pour soulever une quantité de poussière telle que nous la voyons dans ces tempêtes - environ cinq fois plus forte que la vitesse moyenne des vents estimée par les mesures de Huygens près de la surface et prédite par les modèles climatiques. »
Huygens n'a fait qu'une seule mesure directe de la vitesse du vent de surface juste avant son atterrissage sur Titan, et à cette époque il était très bas, moins de 1 mètre par seconde. Même au moment de l'équinoxe de printemps, quelques années plus tard, il n'était pas attendu que les vents de surface atteignent une telle vitesse.
« Pour l'instant, la seule raison satisfaisante pour expliquer des vents de surface aussi forts, c’est qu'ils pourraient être liés aux puissantes rafales qui peuvent survenir au front des énormes tempêtes de méthane que nous observons dans cette région et cette saison. », conclut Sébastien.
« Sur Terre, ce phénomène est appelé 'haboob' : il génère des tempêtes de poussière géantes juste en avant de violents orages et il est bien connu dans les régions désertiques. Le voir se produire sur Titan était moins attendu ! Mais cela nous apporte des informations de première main sur l'activité climatique et géologique de cette lune qui n'a pas fini de nous surprendre. »
L'existence des vents violents générant ces tempêtes de poussière, même transitoires, implique que le sable juste en dessous peut lui aussi être mis en mouvement, et que les dunes couvrant les régions équatoriales de Titan sont toujours actives et continuent d'évoluer.
De tels vents pourraient transporter la poussière soulevée par les dunes sur de grandes distances, contribuant ainsi au cycle global des poussières organiques et donc du carbone sur Titan, et pourraient provoquer des effets similaires à ceux observés sur Terre et sur Mars.
La mission Cassini-Huygens est un projet de coopération internationale entre la NASA, l'ESA et l'Agence spatiale italienne.
Liens vers les histoires de d'ESA et de la NASA.
[1] Les laboratoires français impliqués sont l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP, Université Paris Diderot/CNRS), le Laboratoire de planétologie et géodynamique (LPG/OSUNA, Université de Nantes/CNRS), le Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA, Observatoire de Paris/CNRS/Sorbonne Université/Université Paris-Diderot), le Groupe de spectroscopie moléculaire et atmosphérique (GSMA, Université de Reims/CNRS), l'Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble (IPAG/OSUG, Université Joseph Fourier/CNRS/INSU) et le Laboratoire Matière et Systèmes Complexes (MSC, Université Paris Diderot/CNRS).
Référence : S. Rodriguez, S. Le Mouélic, J. W. Barnes, J. F. Kok, S. C. R. Rafkin, R. D. Lorenz, B. Charnay, J. Radebaugh, C. Narteau, T. Cornet, O. Bourgeois, A. Lucas, P. Rannou, C. A. Griffith, A. Coustenis, T. Appéré, M. Hirtzig, C. Sotin, J. M. Soderblom, R. H. Brown, J. Bow, G. Vixie, L. Maltagliati, S. Courrech du Pont, R. Jaumann, K. Stephan, K. H. Baines, B. J. Buratti, R. N. Clark & P. D. Nicholson (2018) Observational evidence for active dust storms on Titan at equinox, doi:10.1038/s41561-018-0233-2
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Les membres de l'IAU votent pour recommander de renommer la
loi Hubble en loi Hubble-Lemaître : Un vote électronique a
été organisé entre tous les membres de l'Union Astronomique
Internationale et la résolution visant à recommander de renommer
la loi Hubble en loi Hubble-Lemaître a été acceptée.
La loi de Hubble-Lemaître décrit l'effet par lequel les objets
d'un Univers en expansion s'éloignent les uns des autres avec une vitesse
proportionnellement à leur distance. Cette résolution a été
proposée afin de rendre hommage à Lemaître et à Hubble
pour leurs contributions fondamentales au développement de la cosmologie
moderne.
Découverte de la plus grosse météorite
française : Une opération de prospection, entreprise entre
Mars et Octobre 2018 par un groupe de passionnés (Pierre Antonin, Alain
Gallien, Brian Barret et Emmanuel Dransart), a permis de découvrir un
important site de chute de météorite métallique dans un
champ de Saint-Aubin (Aube). A l'aide d'un dispositif expérimental de
détection, l'équipe a identifié 123 points d'impact répartis
sur une ellipse de chute de 1.100 m de long sur 900 m de large. Un morceau de
477 kg, enfoui depuis 55.000 ans d'après les toutes premières
datations réalisées et publiées en 2015 par le CEREGE d'Aix-Marseille,
a été retrouvé le 03 Octobre. Il s'agit du plus gros
fragment de la météorite de Saint-Aubin, dont le tout premier
fragment avait été découvert en 1968.
Avec les nouveaux morceaux découverts, la masse totale de la météorite de Saint-Aubin avoisine ainsi les 7 tonnes, ce qui fait d'elle la plus grosse météorite de France, dépassant le précédent record détenu par la météorite de Mont-Dieu, d'une masse totale de 1,1 tonne avec une masse principale de 435 kg.
La météorite de Saint-Aubin est une météorite ferreuse de type octahédrite montrant de belles figures de Widmanstätten. Les analyses par fluorescence X indiquent qu'elle contient près de 11 % de nickel, des traces de cobalt (0,7 %) et de phosphore (0,1 %).
https://saf-astronomie.fr/decouverte_de_la_plus_grosse_meteorite_francaise/
https://www.sciencesetavenir.fr/espace/decouverte-de-la-plus-grosse-meteorite-francaise_128890
http://www.planetastronomy.com/astronews/astrn-2018/11/astronews-net-27oct18.htm#METEORITE
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=23096
Nouvelle technique pour identifier des dépôts sédimentaires riches en glace sur Mars
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Une équipe internationale a permis de mettre en évidence un dépôt sédimentaire riche en glace dans les plaines nord de Mars non caractérisé auparavant. Pour cela, une nouvelle technique de cartographie a été utilisée pour étudier rapidement de grandes régions. Mieux connaitre la distribution de la glace dans le sol permet de reconstituer le paléoenvironnement et le climat et donc mieux contraindre l'histoire récente de la planète. Ce dépôt sédimentaire riche en glace est similaire au pergélisol comme en Sibérie ou au Canada. Il montre qu'il y a eu une longue période de glaciation où un dépôt sédimentaire riche en glace a pu se déposer et être préservé jusqu'à aujourd'hui.
Les plaines nord de Mars, recouvertes de sédiments, contiennent de la glace dans le sol dans différentes régions. Cette glace se trouve parfois à des latitudes où les conditions sont très arides, posant des questions sur son origine. La distribution et la concentration de cette glace est encore mal contrainte. En effet, cette glace peut être très ancienne, liée à un ancien océan (environ 3,7 Ga) ; ou plus récente car liée à de possibles glaciations passées (<1 Ga). Mieux connaitre la distribution de la glace dans le sol permet de reconstituer le paléoenvironnement et le climat et donc mieux contraindre l'histoire récente de la planète.
Une équipe internationale regroupant différentes universités en Europe, incluant Antoine Séjourné, François Costard et Sylvain Bouley du laboratoire GEOPS, et des collègues américains, ont cartographié 3 régions cibles (Utopia, Acidalia, Arcadia Planitiae) dans les plaines nord de Mars (Figure 1). Le but de ce travail a été de connaître la distribution de plusieurs structures de paysages indiquant la présence de glace, comme par exemple : des polygones se formant dans un pergélisol ou des traces de glaciers (Figure 2).
La cartographie à haute résolution de structures de paysages sur de grandes régions prend beaucoup de temps. Au lieu d'une cartographie classique, il a été utilisé une grille (aussi grande que la France pour 250 km de large) avec des cellules. Dans chaque cellule (20x20 km) la présence ou non de structures liées à la glace est enregistrée. Cette technique permet d'étudier rapidement et objectivement de grandes régions. C'est la première fois qu'une cartographie continue est réalisée à cette résolution et sur une aussi grande région que les plaines nord de Mars.
Les résultats de cette étude publiés dans le Journal of Geophysical Research, montrent que ces structures liées à la glace sont concentrées dans certaines régions. Dans la région d'Utopia Planitia étudiée par l'équipe de l'Université Paris Sud, il a été mis en évidence un dépôt riche en glace jeune (10 Ma) qui n'avait pas été identifié jusque-là. L'utilisation d'un radar (SHARAD), qui est à bord de la sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter, a permis de contraindre la teneur en glace de ce dépôt qui varie entre 50 et 85% en volume.
La région d'Utopia Planitia possède un pergélisol riche en glace comme celui en Sibérie ou au Canada, ce qui démontre par analogie, que les plaines nord de Mars ont subi une longue période de glaciation où un dépôt sédimentaire riche en glace a pu se déposer et ensuite être préservé jusqu'à aujourd'hui.
Cette étude va permettre d'effectuer de nouvelles études plus détaillées de la glace et des sédiments dans les plaines nord de Mars.
Ce projet a été financé par le International Space Science Institute de Bern (ISSI), le Programme National de Planétologie (CNRS, INSU) et le CNES.
Référence : Séjourné, A., Costard, F., Swirad, Z. M., Losiak, A., Bouley, S., Smith, I., et al (2018) Grid-mapping the northern plains of Mars: using morphotype and distribution of ice-related landforms to understand multiple ice-rich deposits in Utopia Planitia, Journal of Geophysical Research: Planets, doi:10.1029/2018JE005665
Ramsdale, J. D., Balme, M. R., Gallagher, C., Conway, S. J., Smith, I. B., Hauber, E., et al (2018) Gridmapping the northern plains of Mars: Geomorphological, Radar and Water-Equivalent Hydrogen results from Arcadia Plantia, Journal of Geophysical Research: Planets, doi:10.1029/2018JE005663
Orgel, C., Hauber, E., van Gasselt, S., Reiss, D., Johnsson, A., Ramsdale, J. D., et al (2018). Gridmapping the Northern Plains of Mars: A New Overview of Recent Water- and Ice-Related Landforms in Acidalia Planitia. Journal of Geophysical Research: Planets, doi:10.1029/2018JE005664
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
L'étonnante odyssée des alcalins à l'intérieur de la lune glacée Europe
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La présence de sodium (Na) et de potassium (K) sous forme d'atomes neutres, découverte il y a une quinzaine d'années dans l'exosphère d'Europe, pose la question de leur origine. Cette observation pourrait s'interpréter par une contamination attribuée soit au volcanisme voisin de Io, autre satellite de Jupiter, soit à un bombardement météoritique. Cependant, aucun de ces deux mécanismes ne fournit une explication satisfaisante du rapport Na/K observé. Une équipe pluridisciplinaire pilotée par des chercheurs français [1] a montré qu'à contrario de ces origines exogènes, un mécanisme d'apport depuis l'intérieur d'Europe permettrait de répondre à la question posée.
Europe cache un océan liquide sous une épaisse couche de glace. Il a déjà été suggéré que cet océan pourrait abriter des formes de vie. Le fait que Na et K soient considérés comme des ingrédients clés en biochimie amène donc à se poser la question de savoir si leur présence dans l'atmosphère de Europe ne constituerait pas une signature de la composition de l'océan interne. Le scénario global est résumé dans la Figure.
Les auteurs considèrent que les alcalins dans l'océan proviennent du lessivage du cœur rocheux juste après la formation du satellite et se sont retrouvés sous forme d'ions Na+ et K+ tels qu'ils étaient piégés initialement dans les matériaux réfractaires. Une estimation de l'abondance de ces ions a pu être établie dans la phase liquide à partir des données géochimiques existantes obtenues à partir de l'analyse de fluides géothermiques en Islande. Au cours du refroidissement de la lune de Jupiter, une couche de glace se serait ensuite formée à la surface de l'océan, son épaisseur augmentant avec le temps. Durant ce processus, les corps étrangers comme Na+ et K+ auraient été naturellement encapsulés dans la matrice de glace. Le transfert vers la surface se serait effectué par convexion interne dans la couche de glace, mécanisme connu sous le nom de “diapirisme“. La simulation numérique à l'aide des méthodes quantiques de traitements périodiques de l'état solide montre que ces atomes acquièrent progressivement une forme neutre en arrivant à la surface du satellite avec un rapport Na/K qui serait analogue à celui mesuré dans l'exosphère. L'irradiation de la surface d'Europe en raison du champ magnétique intense de Jupiter expliquerait alors l'éjection de Na et K avec les autres constituants de son exosphère.
Ce travail théorique doit être mis en perspective des prochaines missions robotisées programmées pour l'étude du système de Jupiter et espérées à l'horizon 2030 de la NASA (Europa Clipper) et de l'ESA (JUICE). La capacité de telles missions à mesurer de façon précise la composition de l'exosphère d'Europa permettrait de clarifier les questions rémanentes sur la composition de l'océan sous-glaciaire et la nature des échanges chimiques avec la surface.
Note(s): [1] Les laboratoires français impliqués sont le Laboratoire de chimie chéorique (LCT, Sorbonne Université/CNRS) et du Laboratoire d'astrophysique de Marseille (LAM, Aix-Marseille Université/CNRS).
Référence : Ozge Ozgurel, Olivier Mousis, Françoise Pauzat, Yves Ellinger, Alexis Markovits, Steven Vance, and François Leblanc (2018) Sodium, potassium and calcium in Europa: an atomic journey through water ice, The Astrophysical Journal Letters, doi: 10.3847/2041-8213/aae091
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
De la glace transparente sur Mars !
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Comment démontrer la présence de la glace transparente ? Par définition, si elle est transparente, l'observateur voit à travers et il est très difficile de montrer sa présence avec des images. Cette étude, menée par une équipe de chercheurs français [1] apporte des preuves spectroscopiques de la présence de glace transparente, confirmant ainsi le modèle de jet froid. D'autre part, ils ont pu étudier le rôle précis de la glace d'eau dans les jets froids.
Mars est une planète active. Grâce aux images à haute résolution spatiale, de nombreux processus ont été observés en activités. Dans les zones polaires, des mystérieuses tâches sombres apparaissent et disparaissent saisonnièrement, probablement lié à des jets de gaz froids. Malheureusement, ces jets n'ont pour l'instant jamais pu être observé en activité. Ce processus semble associé à la présence de glace de CO2 qui se sublime par le dessous. Plusieurs études précédentes ont suggéré que la transparence de la glace joue un rôle clé notamment dans la formation de jets de gaz, en permettant, la sublimation de la glace par le bas de la couche par effet de serre à l'état solide. L'état de transparence des dépôts saisonniers de la glace de CO2 sur Mars, ainsi que leur degré de contamination par de la glace d'eau ou de la poussière joue un rôle majeur dans l'apparition de nombreux processus actifs de surface pendant le printemps martien. Ces processus peuvent, de part leur grand nombre, jouer un rôle à l'échelle du climat régional martien. Cependant, cette transparence a été l'objet de controverse et n'avait jamais été démontrée.
La présente étude se base sur les données du spectro-imageur CRISM dans la région de Richardson et des outils de modélisation du transfert radiatif. Dans un premier temps, cette étude établit l'état de transparence de la glace de CO2, en comparant simulation et observation considérant un modèle de glace transparente et un modèle de glace granulaire. Seule le modèle de glace transparente permet de rendre compte d'une épaisseur diminuant avec la saison, en accord avec les modèles de climats. D'autre part, la composition précise de la surface est étudiée afin de détailler localement, les échanges en volatils et en poussières entre surface et atmosphère.
Pour la première fois, cette étude locale a permis d'identifier l'injection de glace d'eau dans l'atmosphère Sud de Mars, et ce tout au long du printemps. Les mécanisme micro-physiques de ces échanges sont résumés à la Figure. Si ces mécanismes ont lieu sur la totalité de la calotte saisonnière Sud, l'atmosphère devrait significativement s'enrichir en eau. Cette prédiction devra être testé prochainement avec la sonde ExoMars TGO dont l'activité scientifique vient de commencer.
Note(s): [1] Les laboratoires français impliqués sont le Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA, Observatoire de Paris/CNRS/Sorbonne Université/Université Paris-Diderot), du Laboratoire Geosciences Paris Sud (GEOPS, Université Paris-Sud/CNRS ) et l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (IPAG, LAOG/LPG)
Référence : Andrieu, François and Schmidt, Frédéric and Douté, Sylvain and Chassefière, Eric (2018) Ice state evolution during spring in Richardson crater, Mars, Icarus, doi:10.1016/j.icarus.2018.06.019
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Hubble capture le fantôme de Cassiopée
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Des translucides voiles de gaz et de poussière à l'aspect éthéré
Crédit : NASA, ESA, and STScI
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Le pirate du ciel austral
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FORS2, un instrument qui équipe le Very Large Telescope de l'ESO, a observé la région de formation stellaire baptisée NGC 2467 – également connue sous l'appellation Nébuleuse du Crâne. L'image fut acquise dans le cadre du Programme Joyaux Cosmiques de l'ESO, qui utilise le rare temps de télescope non dévolu à la collecte de données scientifiques pour capturer des images visuellement saisissantes du ciel austral.
Crédit : ESO
Cette image haute en couleurs d'une région active de formation stellaire – NGC 2467, parfois surnommée Nébuleuse du Crâne – dégage autant de mystère que de beauté. Cette image composée de poussière, de gaz et de jeunes étoiles brillantes liées gravitationnellement, fut acquise par l'instrument FORS qui équipe le Very Large Telescope (VLT) de l'ESO. Les télescopes de l'ESO sont généralement utilisés pour acquérir des données scientifiques. Parfois, ils permettent également de capturer des images telles celle-ci – magnifique, tout simplement.
L'appellation Nébuleuse du Crâne s'impose d'elle-même : cette zone de formation stellaire, jeune et brillante à la fois, arbore l'aspect d'un visage creux et sinistre, dont seule la bouche béante est ici visible. NGC 2467 se situe dans la constellation Puppis, qui se traduit par la poupe.
Cet ensemble d'amas stellaires constitue le berceau de nombreuses étoiles, nées d'un excès de gaz d'hydrogène. Il ne s'agit pas là d'une seule et unique nébuleuse, et les amas stellaires qui la composent se déplacent à des vitesses différentes. Un alignement fortuit le long de la ligne de visée confère aux étoiles ainsi qu'au gaz un visage humanoïde. Cette image lumineuse n'apporte aucune information nouvelle aux astronomes, mais nous offre à tous un aperçu du ciel austral, de ses merveilles invisibles à l'œil nu.
Puppis (la poupe) est l'une des trois constellations qui naviguent dans le ciel austral et qui composent le Vaisseau Argo, une vaste et unique constellation dont l'appellation dérive du mythique navire de Jason et les Argonautes. Le Vaisseau Argo a été divisé en trois sections : Carina (la quille), Vela (les voiles) et Puppis (la poupe), l'hôte de cette nébuleuse. Bien qu'il incarne un héros mythique, Jason doit principalement sa célèbrité au vol de la toison d'or. Ainsi, NGC 2467 repose non seulement au milieu d'une vaste barque céleste, mais également parmi les voleurs – une demeure appropriée pour cette nébuleuse piratée.
Cette image est issue du Programme Joyaux Cosmiques de l'ESO, dont l'objectif est de produire, à des fins de diffuson auprès du grand public et d'enseignement scolaire, des images d'objets intéressants, intriguants ou visuellement attrayants au moyen des télescopes de l'ESO. Le programme utilise du temps de télescope qui ne peut être dévolu à des observations scientifiques. L'ensemble des données collectées pouvant toutefois servir des objectifs scientifiques, elles sont mises à disposition des astronomes au travers des archives scientifiques de l'ESO.
Plus d'informations : L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 15 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope géant (ELT pour Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».
Liens : - Le Programme Joyaux Cosmiques de l'ESO
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Redessiner l'Univers en rayons X
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À l'aide de l'observatoire XMM-Newton de l'ESA, une équipe internationale [1], dirigée par l'Institut de recherche sur les lois fondamentales de l'univers (IRFU, CEA), vient de révéler les derniers résultats du sondage XXL, le plus vaste programme d'observation en rayons X réalisé à ce jour par le satellite XMM. L'étude comprend des informations sur 365 amas de galaxies et sur 26 000 noyaux galactiques actifs (AGN). Ainsi, par l'examen profond de deux grandes régions du ciel, les auteurs permettent de retracer la structure à grande échelle de l'Univers et son évolution dans le temps avec des détails sans précédent.
Les rayons X étant bloqués par l'atmosphère terrestre, les sources X ne sont observables que par des télescopes spatiaux. Dans l'Univers lointain, elles sont associées à des amas de galaxies qui contiennent un gaz très chaud émettant des rayons X ou à des trous noirs supermassifs, situés au centre de certaines galaxies (noyaux galactiques actifs ou AGN).
Pendant 2000 heures, l'observatoire spatial XMMNewton a exploré deux régions de 2×25 degrés carrés et recensé 365 amas galactiques et 26 000 AGN. Certains amas sont à des distances atteignant 7 milliards d'annéeslumière et de nombreux AGN sont encore plus éloignés. Pour identifier ces sources et déterminer leur distance, il a fallu rechercher des informations à d'autres longueurs d'onde.
Or l'Univers est organisé en filaments de matière façonnés par la gravité, dont les intersections sont matérialisées par les amas de galaxies. La connaissance de ces structures à grande échelle, très denses, ouvre la possibilité de tester les prédictions du modèle cosmologique communément admis. La structure de l'Univers et son évolution sont décrites par un ensemble de paramètres cosmologiques, dont l'accélération de l'expansion de l'Univers.
Grâce au satellite Planck de l'ESA, les chercheurs ont déterminé ces paramètres cosmologiques en étudiant le fond diffus cosmologique, un rayonnement microonde témoignant de l'Univers très jeune. Le sondage XXL permet de déterminer les mêmes paramètres pour l'Univers plus récent. Il montre que la distribution des amas et des AGN de XXL est compatible avec le modèle cosmologique actuel et permet déjà une meilleure détermination de la constante décrivant l'accélération l'expansion de l'Univers. À noter que cette analyse ne porte que sur la moitié de l'échantillon d'amas de galaxies déjà identifiés.
Le catalogue final des données XXL traitées avec de nouvelles techniques plus performantes ainsi que l'analyse cosmologique complète sont prévus pour 2021. La « toile cosmique » sera explorée par les prochains satellites de l'ESA, Euclid et Athena, qui sonderont des régions encore plus étendues et distantes, décuplant ainsi le sondage XXL.
Ces travaux ont bénéficié des moyens du CEA, du CNES, du CNRS, des Universités Aix-Marseille et Nice Sophia-Antipolis, et du Programme National de Cosmologie de l'INSU.
Pour plus d'informations:
[1] Dans cette collaboration internationale menée par le CEA sont fortement engagées des équipes du Laboratoire d'astrophysique de Marseille (LAM, CNRS / Université Aix-Marseille) et du Laboratoire Joseph Louis Lagrange (LAGRANGE / OCA, CNRS / Université Nice Sophia Antipolis).
Référence : Une série de 20 articles seront publiés dans un numéro spécial de Astronomy & Astrophysics, dont 6 pilotés ou copilotés par des membres français : - Adami, C., Giles, P., Koulouridis, E., et al. 2018, The XXL Survey XX, The 365 cluster catalogue - Koulouridis, E., Faccioli, L. Le Brun, A. et al., 2018, A&A in press, The XXL Survey XIX. A realistic population of simulated X-ray AGN: Comparison of models with observations - Koulouridis, E, Ricci M., Giles P., Adami C. et al, 2018 A&A in press, The XXL survey XXXV. The role of cluster mass in AGN activity - Faccioli, L., Pacaud, F., Sauvageot, J.-L. et al. 2018, A&A in press, the XXL survey XXXIV. The final detection pipeline Koulouridis - Pacaud, F., Pierre, M., Melin, J.-B et al., 2018, The XXL Survey XXV. Cosmological analysis of the C1 cluster number counts - Ricci, M., Benoist, C., Maurogordato, S.et al. 2018, A&A in press, The XXL Survey XXVIII. Galaxy luminosity functions of the XXL-N clusters
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Les superflares de jeunes étoiles naines mettent en danger les planètes
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Des explosions énergétiques peuvent dépouiller les atmosphères planétaires.
Le terme "HAZMAT" signifie danger. Dans ce cas, il s'agit sur une échelle cosmique, où de violentes poussées de gaz bouillonnant de petites étoiles jeunes peuvent rendre des planètes entières inhabitables. Le télescope spatial Hubble de la NASA observe de telles étoiles grâce à un vaste programme appelé HAZMAT - HAbitable Zones and M dwarf Activity across Time (zones habitables et activité de naine M à travers le temps). Il s'agit d'une enquête en ultraviolet de naines rouges - appelées "naines M" dans les cercle astronomiques - à trois âges différents : jeunes, intermédiaires et anciennes.
Environ les trois quarts des étoiles de notre galaxie sont des naines rouges. La plupart des planètes de la "zone habitable" de la galaxie gravitent autour de ces petites étoiles. Mais les jeunes naines rouges sont des étoiles actives, produisant des éruptions ultraviolettes qui diffusent un plasma de plusieurs millions de degrés avec une intensité pouvant influer sur la chimie atmosphérique et éventuellement dépouiller les atmosphères de ces planètes naissantes. L'équipe HAZMAT a découvert que les éruptions des plus jeunes naines rouges qu'ils ont examinées - d'environ 40 millions d'années - étaient 100 à 1.000 fois plus énergiques que lorsque les étoiles étaient plus âgées. C'est l'âge où les planètes terrestres se forment autour de leurs étoiles. Les scientifiques ont également détecté l'une des éruptions stellaires les plus intenses jamais observées dans la lumière ultraviolette. Surnommé "Hazflare", cet événement était plus énergique que le plus puissant flare de notre Soleil jamais enregistré.
Artwork: NASA, ESA, and D. Player (STScI)
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Découverte du plus vaste proto-superamas de galaxies
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Grâce au Very Large Telescope de l'ESO, les astronomes ont découvert un géant cosmique dissimulé dans l'Univers jeune
Grâce à l'instrument VIMOS installé sur le Very Large Telescope de l'ESO, une équipe internationale d'astronomes a découvert une structure colossale au sein de l'Univers jeune. Ce proto-superamas de galaxies – qu'ils ont baptisé Hyperion – a été mis au jour grâce à de nouvelles mesures et à l'étude approfondie de données d'archives. Il s'agit de la structure la plus étendue et la plus massive découverte à ce jour à si grande distance et datant d'une époque si reculée – seulement 2 milliards d'années après le Big Bang.
Crédit : ESO/L. Calçada & Olga Cucciati et al.
Une équipe d'astronomes emmenée par Olga Cucciati de l'Institut National d'Astrophysique (INAF) de Bologne, a utilisé l'instrument VIMOS qui équipe le Very Large Telescope (VLT) de l'ESO pour identifier un gigantesque proto-superamas de galaxies en cours de formation dans l'Univers jeune, quelque 2,3 milliards d'années après le Big Bang. Cette structure, que les chercheurs ont baptisée Hyperion, est la plus vaste et la plus massive découverte à ce jour dans l'Univers primitif [1]. L'énorme masse du proto-superamas est estimée à plus d'un million de milliards de fois la masse du Soleil. Cette masse colossale est semblable à celle des structures les plus étendues de l'Univers contemporain. L'existence d'un objet si massif dans l'Univers jeune a toutefois surpris les astronomes.
“C'est la toute première fois qu'une structure aussi étendue est identifiée à une époque seulement 2 milliards d'années après le Big Bang”, déclare le premier auteur de l'article, Olga Cucciati [2]. “Normalement, ce type de structure se rencontre à des redshifts moindres, correspondant à des stades plus avancés dans la formation de l'Univers. Ce fut une réelle surprise de constater l'existence d'une structure aussi évoluée au sein d'un Univers relativement jeune !”
Situé dans le champ COSMOS de la constellation du Sextant, Hypérion fut découvert grâce à l'analyse d'une vaste quantité de données acquises lors du Sondage Ultra-Profond VIMOS (VUDS) conduit par Olivier Le Fèvre du Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (LAM – Aix-Marseille Université, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), et Centre National d'Etudes Spatiales (CNES)). Le Sondage VUDS a permis de réaliser une cartographie 3D inédite de la distribution spatiale de plus de 10 000 galaxies de l'Univers distant.
L'équipe a découvert qu'Hyperion est doté d'une structure complexe, composée d'au moins 7 régions de densité élevée liées entre elles par des filaments de galaxies. Ses dimensions sont comparables à celles de superamas dans l'univers proche, mais sa structure est très différente.
“Les superamas situés à plus grande proximité de la Terre sont caractérisés par une distribution de masse plus concentrée et une architecture davantage structurée” explique Brian Lemaux, astronome à l'Université de Californie, Davis et LAM, et membre de l'équipe à l'origine de la découverte. “A titre comparatif, Hyperion est doté d'une distribution de masse plus uniformément répartie avec une série de régions sur-denses connectées entre elles et peuplées de galaxies éparses.”
Cette différence d'aspect résulte sans doute des effets prolongés de la gravité : contrairement à Hyperion, les superamas observés dans l'univers proche, à plus de 13 milliards d'années après le Big Bang, ont disposé de plusieurs milliards d'années supplémentaires pour condenser leur matière en des régions de densité plus élevée.
Les dimensions qu'arbore Hyperion dans un Univers si jeune laissent présager qu'il évoluera en une structure semblable aux superamas qui composent l'Univers local, tels le Grand Mur du Sloan ou le Superamas de la Vierge – hôte de notre galaxie, la Voie Lactée. “Comprendre Hyperion et le comparer à de structures semblables récentes offre un aperçu de l'évolution des structures les plus massives de l'univers depuis un lointain passé, ainsi que l'opportunité de tester les modèles de formation des superamas” conclut Olga Cucciati. “La découverte de ce géant cosmique dévoile le passé de ces vastes structures”.
Notes [1] [1] Le surnom d'Hypérion a été emprunté à la mythologie grecque : les dimensions et la masse particulièrement élevées de ce proto-superamas font écho à ce géant mythique. Par le passé, un proto-amas découvert au sein d'Hypérion avait été baptisé Colossus. Similairement, les autres régions de densité élevée d'Hypérion ont été dotées de surnoms empruntés à la mythologie grecque, tels Theia, Eos, Selene et Helios, ce dernier faisant l'objet d'une représentation dans l'ancienne statue du Colosse de Rhodes.
La masse colossale d'Hypérion, qui équivaut à un million de milliards de fois celle du Soleil, est de 1015 masses solaires en notation scientifique.
[2] La lumière en provenance de galaxies extrêmement lointaines met énormément de temps à parvenir jusqu'à la Terre. Son analyse nous offre donc une fenêtre sur le passé – sur l'Univers jeune, en l'occurrence. Au cours de ce voyage, la longueur d'onde de cette lumière a été décalée par l'expansion de l'Univers – cet effet a été baptisé redshift ou décalage vers le rouge cosmologique. Les objets les plus distants et les plus âgés sont caractérisés par des redshifts plus importants, ce qui permet aux astronomes d'utiliser indifféremment les concepts d'âge ou de redshift. Le redshift d'Hypérion est de 2,45 : les astronomes observent donc le proto-superamas tel qu'il était 2,3 milliards d'années après le Big Bang.
Plus d'informations : Ce travail de recherche a fait l'objet d'un article intitulé “The progeny of a Cosmic Titan: a massive multi-component proto-supercluster in formation at z=2.45 in VUDS”, paru au sein de la revue Astronomy & Astrophysics.
L'équipe à l'origine de cette découverte est composée de O. Cucciati (INAF-OAS Bologna), B. C. Lemaux (Université de Californie, Davis et LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), G. Zamorani (INAF-OAS Bologna), O. Le Fèvre (LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), L. A. M. Tasca (LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), N. P. Hathi (Institut des Sciences des Télescopes Spatiaux, Baltimore), K-G. Lee (Kavli IPMU (WPI), Université de Tokyo & Laboratoire National Lawrence Berkeley), S. Bardelli (INAF-OAS Bologna), P. Cassata (Université de Padoue), B. Garilli (INAF–IASF Milano), V. Le Brun (LAM - Aix Marseille Université, CNRS, CNES), D. Maccagni (INAF–IASF Milano), L. Pentericci (INAF– Observatoire Astronomique de Rome), R. Thomas (Observatoire Européen Austral, Vitacura), E. Vanzella (INAF-OAS Bologna), E. Zucca (INAF-OAS Bologna), L. M. Lubin (Université de Californie, Davis), R. Amorin (Institut de Cosmologie Kavli & Laboratoire Cavendish, Université de Cambridge), L. P. Cassarà (INAF–IASF Milano), A. Cimatti (Université de Bologne & INAF-OAS Bologne), M. Talia (Université de Bologne), D. Vergani (INAF-OAS Bologne), A. Koekemoer (Space Telescope Science Institute, Baltimore), J. Pforr (ESA ESTEC), et M. Salvato (Max-Planck-Institut für Extraterrestrische Physik, Garching bei München).
L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 15 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope géant (ELT pour Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».
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Saturne : Cassini découvre une nouvelle ceinture de radiations
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Il y a environ un an, une plongée spectaculaire dans la haute atmosphère de Saturne a mis fin à la mission Cassini, et à un projet unique qui a étudié le système saturnien pendant 13 ans. Au cours des cinq derniers mois de la mission la sonde a plongé 22 fois dans la région jusque-là presque inexplorée, située entre la planète et son anneau le plus interne, l'anneau D. La revue Science vient de publier une série d'articles décrivant les premiers résultats de cette dernière phase de la mission. Dans un de ces articles une équipe de recherche internationale, impliquant l'Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP / OMP, CNRS / Université de Toulouse III Paul Sabatier), montre qu'une ceinture de radiations, contenant des protons d'énergies extrêmes, se forme entre la planète et ses anneaux denses. Comme pour la ceinture de protons principale, les protons qui peuplent la région proche de la planète sont générés par le rayonnement cosmique incident. En raison de la présence des anneaux A, B et C, particulièrement denses, cette zone est découplée de la ceinture de radiations principale ainsi que du reste de la magnétosphère.
Lorsque la sonde spatiale Cassini est entrée en orbite autour de Saturne, le 1er juillet 2004, la suite de détecteurs de particules de l'expérience MIMI (Instrument d'imagerie magnétosphérique), au développement de laquelle l'IRAP a contribué, a eu un bref aperçu de la région située entre la planète et l'anneau D (le plus interne). Les mesures avaient indiqué qu'une population de particules chargées pouvait être présente, mais sa composition et ses propriétés restaient obscures. Au cours des années suivantes l'expérience MIMI a étudié les particules piégées par le champ magnétique de Saturne à l'extérieur des anneaux, formant la ceinture de radiations principale qui est composée de protons et d'électrons de haute énergie. La ceinture de radiations protonique est fortement influencée par les nombreuses lunes de Saturne, qui la segmentent en cinq secteurs. "Seulement 13 ans plus tard nous avons eu la possibilité de suivre nos toutes premières mesures à Saturne et de voir si un secteur supplémentaire de la ceinture de radiations coexistait avec l'anneau D et la haute atmosphère de la planète", explique Elias Roussos, chercheur au MPS et auteur principal de l'étude.
Comme pour la ceinture de protons principale de Saturne, les protons qui peuplent la région proche de la planète sont générés par le rayonnement cosmique incident. Lorsque ce rayonnement interagit avec des matériaux présents dans l'atmosphère de Saturne ou dans ses anneaux, il déclenche une chaîne de réactions générant des protons de haute énergie, qui sont ensuite piégés par le champ magnétique de la planète. «Le rayonnement cosmique et les anneaux «collaborent» pour créer cette ceinture de radiations minuscule mais très énergétique», ajoute Anna Kotova, chercheuse à l'IRAP et une des coauteurs principaux de cette étude.
Le champ magnétique de Saturne près de la planète est si intense qu'il rend le piégeage des protons extrêmement efficace et ils interagissent en permanence avec l'anneau D et l'atmosphère saturnienne. Les mesures de l'expérience y ont révélé une accumulation stable de protons énergétiques qui s'étend de l'atmosphère de Saturne à l'ensemble de l'anneau D. L'énergie dont disposent certains de ces protons est extrême. Dans le système solaire, cette région est unique.
Grâce aux mesures de l'expérience MIMI une ceinture de radiations secondaire, formée par des protons de plus faible énergie et située à une altitude plus basse, a également été découverte. Cette ceinture se forme lorsque des atomes d'hydrogène neutres rapides, créés dans la magnétosphère de Saturne, sont ionisés et piégés près de la planète. «Cette ceinture basse altitude n'a été observée que brièvement en 2004. Nous avons dû attendre 13 ans pour répéter ces mesures et valider nos théories sur les processus physiques responsables de cette ceinture», déclare Iannis Dandouras, chercheur à l'IRAP et co-investigateur de l'équipe MIMI.
Au cours des 13 années passées à Saturne, l'expérience MIMI, développée en collaboration entre l'Université Johns Hopkins, l'institut Max Planck, l'Université de Maryland et l'IRAP, a été l'un des moyens les plus complets pour étudier une magnétosphère planétaire géante et ses ceintures de radiations, qui constituent un cas à part dans notre système solaire.
Référence : Elias Roussos, Peter Kollmann, Norbert Krupp, Anna Kotova, Leonardo Regoli, Chris Paranicas, Donald Grant Mitchell, Stamatios M. Krimigis, Douglas Hamilton, Pontus Brandt, James Carbary, Steve Christon, Kostas Dialynas, Iannis Dandouras, Matthew Hill, Wing-Huen Ip, Geraint Jones, Stefano Livi, Barry Mauk, Benjamin Palmaerts, Edmond Roelof, Abigail Rymer, Nick Sergis, Thomas Smith (2018) A radiation belt of energetic protons located between Saturn and its rings, Science, doi: 10.1126/science.aat1962
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Les astronomes découvrent la première évidence d'une lune possible en dehors de notre Système solaire
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Un satellite de la taille de Neptune orbite un Jupiter géant autour d'une étoile semblable à un soleil.
Notre Système solaire comprend huit planètes principales et près de 200 lunes. Bien que les astronomes aient jusqu'à présent découvert près de 4.000 planètes en orbite autour d'autres étoiles, aucune lune n'a encore été trouvée.
Credit : Artwork: NASA, ESA, and L. Hustak (STScI) Science: NASA, ESA, and A. Teachey and D. Kipping (Columbia University)
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La Voie Lactée chamboulée par le passage d'une galaxie voisine
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En utilisant les données du satellite Gaia de l'ESA, une équipe internationale impliquant des chercheurs du GEPI (Observatoire de Paris, CNRS, Université PSL), l'IPAG/OSUG (CNRS, Université Grenoble Alpes), l'Institut UTINAM (CNRS, OSU THETA et Université Bourgogne-Franche-Comté), le LAB (CNRS, Université de Bordeaux) a mené une étude portant sur les mouvements de plus de 6 millions d'étoiles dans la Voie Lactée. Publié dans Nature cette semaine, l'article présente une étude des mouvements de plus de 6 millions d'étoiles dans la Voie Lactée, qui révèle que des groupes d'étoiles suivent des trajectoires particulières en orbitant autour du centre galactique. La rotation non uniforme est le signe qu'une petite galaxie satellite a frôlé la Voie Lactée il y a quelques centaines de millions d'années.
La majorité des étoiles de la Voie Lactée sont situées dans un disque mince qui entoure le bulbe central de la Galaxie. La structure interne de ce disque est influencée par différents effets. La barre centrale et les bras spiraux induisent de la migration radiale, par exemple, et les galaxies satellites passant à proximité peuvent aussi altérer les mouvements stellaires. Cependant, quand on modélise les galaxies on suppose souvent, par simplicité, que le disque est à l'équilibre dynamique et symétrique par rapport au plan galactique.
Les auteurs ont analysé les positions et mouvements des étoiles grâce aux données de la mission spatiale Gaia. Un diagramme particulier reliant les positions et les vitesses a mis en évidence une forme spirale. Cela ne veut pas dire que les étoiles se déplacent en spiralant, mais que ces populations orbitent selon des motifs décalés dans le temps et l'espace les uns par rapport aux autres.
Grâce à des simulations dynamiques, les auteurs montrent que ces mouvements particuliers peuvent être expliqués par le passage de la galaxie naine du Sagittaire à proximité de la Voie Lactée il y a entre 300 et 900 millions d'années. Ce résultat a été possible grâce à la très grande précision, jamais obtenue précédemment, des mesures astrométriques et spectroscopiques du satellite Gaia.
Références : « A dynamically young and perturbed Milky
Way disk »
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Comètes P/2007 V1 = 2018 S1 (Larson), C/2018 R5 (Lemmon)
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P/2007 V1 = 2018 S1 (Larson) La comète P/2007 V1 (Larson), découverte initialement par Steve M. Larson sur les images prises le 08 Novembre 2007 dans le cadre du Catalina Sky Survey, a été retrouvée sur les images obtenues le 18 Septembre 2018 par Krisztian Sarneczky et Robert Szakats (University of Szeged, Piszkesteto Stn., Konkoly), lesquels ont ensuite repéré ce même objet sur des images antérieures prises avec le même télescope en date du 14 Septembre (observateur R. Szakats) et du 18 Septembre (observateur B. Ignacz).
Les éléments orbitaux elliptiques de la comète P/2007 V1 = 2018 S1 (Larson) indiquent un passage au périhélie le 20 Janvier 2019 à une distance d'environ 2,6 UA du Soleil, et une période d'environ 11,1 ans pour cette comète de la famille de Jupiter.
C/2018 R5 (Lemmon) Un objet ayant l'apparence d'un astéroïde, découvert le 08 Septembre 2018 par le Mt. Lemmon Survey, a révélé sa nature cométaire après publication sur les pages NEOCP (NEO Confirmation Page) et PCCP (Possible Comet Confirmation Page) du Minor Planet Center. Des images antérieures à la découverte, obtenues par Pan-STARRS 1 et datant du 05 Juillet, du 01 et du 15 Août 2018, ont également été identifiées.
Les éléments orbitaux elliptiques de la comète C/2018 R5 (Lemmon) indiquent un passage au périhélie le 09 Janvier 2019 à une distance d'environ 3,6 UA du Soleil, et une période d'environ 109 ans pour cette comète de type Halley classique (20 ans < P < 200 ans).
Gilbert Javaux - PGJ-Astronomie |
Quand l'Univers s'illumine ...
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Le spectrographe MUSE révèle que la presque totalité de l'Univers jeune baigne dans un rayonnement de type Lyman-alpha
Des observations du ciel profond effectuées au moyen du spectrographe MUSE qui équipe le Very Large Telescope de l'ESO ont mis à jour l'existence de vastes réservoirs cosmiques d'hydrogène atomique en périphérie de lointaines galaxies. L'extrême sensibilité de MUSE a permis d'observer directement de minces nuages d'hydrogène émettant une raie Lyman alpha au sein de l'Univers jeune – révélant par la même que le rayonnement de la quasi-totalité du ciel nocturne est invisible.
Crédit : ESA/Hubble & NASA, ESO/ Lutz Wisotzki et al.
Grâce à l'instrument MUSE installé sur le Very Large Telescope (VLT) de l'ESO, une équipe internationale d'astronomes a découvert un excès inattendu d'émission Lyman-alpha au sein du Champ Ultra Profond d'Hubble (HUDF). Cette émission couvre la quasi-totalité du champ de vue – ce qui a conduit l'équipe à supposer que la presque totalité du ciel est emplie d'un rayonnement invisible de type Lyman alpha issu de l'Univers jeune [1].
Les astronomes ont la coutume d'observer un ciel dont l'aspect diffère suivant la longueur d'onde considérée. L'ampleur de l'émission Lyman alpha observée les a toutefois particulièrement surpris. “Réaliser que le ciel dans son ensemble rayonne à des longueurs d'onde visibles en observant l'émission Lyman alpha en provenance des lointains nuages d'hydrogène fut une réelle surprise” explique Kasper Borello Schmidt, l'un des membres de l'équipe d'astronomes à l'origine de cette découverte.
“Il s'agit là d'une grande découverte !” ajoute Themiya Nanayakkara, un autre membre de l'équipe. “La prochaine fois que vous regarderez un ciel sombre, sans Lune, peuplé d'étoiles, imaginez l'invisible lueur de l'hydrogène : le premier élément constitutif de l'Univers, baignant la quasi-totalité du ciel nocturne.”
La région UHDF observée par l'équipe se situe dans la constellation du Fourneau. Cette région peu remarquable du ciel fut cartographiée par le Télescope Spatial Hubble du consortium NASA/ESA en 2004 : 270 heures d'observation avaient alors permis à Hubble de la scruter en profondeur.
Les observations UHDF ont révélé l'existence de milliers de galaxies à l'arrière-plan d'une petite zone sombre du ciel, nous donnant un aperçu des vastes dimensions de l'Univers. Les exceptionnelles performances de MUSE nous ont récemment permis de sonder cette région plus en profondeur. La détection de l'émission Lyman alpha au sein de l'UHDF est une première : cette raie de faible intensité en provenance des enveloppes gazeuses des premières galaxies n'avait jamais été observée auparavant. Cette image composite montre le rayonnement Lyman alpha de couleur bleue, superposé à la célèbre image UHDF.
MUSE, l'instrument à l'origine de ces dernières observations, est un spectrographe de champ intégral de dernière génération installé sur la quatrième Unité Télescopique du VLT à l'Observatoire Paranal de l'ESO [2]. Lorsque MUSE observe le ciel, il décompose la lumière frappant chaque pixel du détecteur en ses composantes de différentes couleurs. Le fait d'observer l'intégralité du spectre de lumière en provenance des objets astronomiques nous offre un aperçu des processus astrophysiques se produisant dans l'Univers [3].
“Grâce aux observations de MUSE, nous disposons d'une toute nouvelle vision des cocons de gaz diffus qui entourent les galaxies de l'Univers jeune” précise Philippe Richter, un autre membre de l'équipe.
L'équipe internationale d'astronomes qui a effectué ces observations a tenté d'identifier la raison pour laquelle ces lointains nuages d'hydrogène émettent une raie Lyman alpha. L'origine précise demeure toutefois mystérieuse. Cette faible lueur emplissant la quasi-totalité du ciel nocturne, des travaux ultérieurs devraient permettre d'en déterminer l'exacte origine.
“A l'avenir, nous prévoyons d'effectuer des mesures plus précises encore” conclut Lutz Wisotzki, qui pilote l'équipe. “Nous voulons connaître la distribution spatiale de ces vastes réservoirs cosmiques d'hydrogène atomique.”
Notes [1] La lumière se propage à une vitesse étonnamment élevée mais finie. Cela signifie que la lumière captée sur Terre a mis beaucoup de temps à voyager depuis les galaxies distantes, nous offrant une fenêtre sur le passé, lorsque l'Univers était beaucoup plus jeune.”
[2] Yepun, la quatrième unité télescopique du VLT, est équipée d'un ensemble d'instruments scientifiques exceptionnels et de systèmes technologiquement avancés, parmi lesquels figure l'Installation d'Optique Adaptative qui a récemment reçu le Prix Paul F. Forman 2018 de la Société Optique Américaine.
[3] La raie Lyman alpha observée par MUSE est émise lorsque se produisent des transitions électroniques au sein des atomes d'hydrogène. Ces transitions s'accompagnent de l'émission de lumière à la longueur d'onde de 122 nanomètres. Cette lumière se trouve totalement absorbée par l'atmosphère de la Terre. Seule l'émission Lyman alpha « redshiftée » – décalée vers le rouge – en provenance des galaxies extrêmement lointaines dispose d'une longueur d'onde suffisante pour traverser l'atmosphère terrestre sans être absorbée et finalement être détectée par les télescopes au sol de l'ESO.
Plus d'informations : Ce travail de recherche a fait l'objet d'un article intitulé “Nearly 100% of the sky is covered by Lyman-a emission around high redshift galaxies”, paru ce jour dans la revue Nature.
L'équipe est composée de Lutz Wisotzki (Institut d'Astrophysique de Leibniz Potsdam, Allemagne), Roland Bacon (CRAL - CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, ENS de Lyon, Université de Lyon, France), Jarle Brinchmann (Université de Leiden, Pays-Bas; Institut d'Astrophysique et des Sciences d'Espaço, Université de Porto, Portugal), Sebastiano Cantalupo (ETH Zürich, Suisse), Philipp Richter (Université de Potsdam, Allemagne), Joop Schaye (Université de Leiden, Pays-Bas), Kasper B. Schmidt (Institut d'Astrophysique de Leibniz Potsdam, Allemagne), Tanya Urrutia (Institut d'Astrophysique de Leibniz Potsdam, Allemagne), Peter M. Weilbacher (Institut d'Astrophysique de Leibniz Potsdam, Allemagne), Mohammad Akhlaghi (CRAL - CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, ENS de Lyon, Université de Lyon, France), Nicolas Bouché (Université de Toulouse, France), Thierry Contini (Université de Toulouse, France), Bruno Guiderdoni (CRAL - CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, ENS de Lyon, L'Université de Lyon, France), Edmund C. Herenz (Université de Stockholm, Suède), Hanae Inami (L'Université de Lyon, France), Josephine Kerutt (Institut d'Astrophysique de Leibniz Potsdam, Allemagne), Floriane Leclercq (CRAL - CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, ENS de Lyon, L'Université de Lyon, France), Raffaella A. Marino (ETH Zürich, Suisse), Michael Maseda (Université de Leiden, Pays-Bas), Ana Monreal-Ibero (Institut d'Astrophysique des Canaries, Espagne; Université de La Laguna, Espagne), Themiya Nanayakkara (Université de Leiden, Pays-Bas), Johan Richard (CRAL - CNRS, Université Claude Bernard Lyon 1, ENS de Lyon, L'Université de Lyon, France), Rikke Saust (Institut d'Astrophysique de Leibniz Potsdam, Allemagne), Matthias Steinmetz (Institut d'Astrophysique de Leibniz Potsdam, Allemagne), et Martin Wendt (Université de Potsdam, Allemagne).
L'ESO est la première organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique le plus productif au monde. L'ESO est soutenu par 15 pays : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et la gestion de puissants équipements pour l'astronomie au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de leader dans la promotion et l'organisation de la coopération dans le domaine de la recherche en astronomie. L'ESO gère trois sites d'observation uniques, de classe internationale, au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. À Paranal, l'ESO exploite le VLT « Very Large Telescope », l'observatoire astronomique observant dans le visible le plus avancé au monde et deux télescopes dédiés aux grands sondages. VISTA fonctionne dans l'infrarouge. C'est le plus grand télescope pour les grands sondages. Et, le VLT Survey Telescope (VST) est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans la lumière visible. L'ESO est le partenaire européen d'ALMA, un télescope astronomique révolutionnaire. ALMA est le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est actuellement en train de programmer la réalisation d'un télescope géant (ELT pour Extremely Large Telescope) de la classe des 39 mètres qui observera dans le visible et le proche infrarouge. L'ELT sera « l'œil le plus grand au monde tourné vers le ciel ».
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