L'Echelle Technique de Risque d'Impact de Palerme ou "Echelle de Palerme" (Palermo Technical Impact Hazard Scale) |
L'Echelle de Palerme est une échelle logarithmique utilisée par les astronomes pour évaluer le risque potentiel d'impact d'un géocroiseur. La première référence pour l'Echelle Technique de Palerme est une communication scientifique publiée dans la revue Icarus (159, 423-432 (2002)) intitulée "Quantifying the risk posed by potential Earth impacts" rédigée par Steven R. Chesley (JPL), Paul W. Chodas (JPL), Andrea Milani (Univ. Pisa), Giovanni B. Valsecchi (IASF-CNR) et Donald K. Yeomans (JPL).
Inspiré par le nom de "Torino Impact Hazard Scale" (Echelle de Risque d'Impact de Turin), les auteurs ont proposé le nom de "Palermo Technical Impact Hazard Scale" (Echelle Technique de Risque d'Impact de Palerme), en reconnaissance de la contribution historique de l'Observatoire de Palerme à la science des astéroïdes, à savoir la première découverte d'un astéroïde, tout comme la reconnaissance du lieu de la Conférence internationale "Asteroids 2001" où les auteurs ont présenté pour la première fois leurs travaux.
L'échelle de Palerme prend en considération des données tels que la probabilité de l'impact, l'énergie cinétique estimée, et le temps (en années) restant jusqu'au moment de la probabilité d'impact. Une valeur inférieure à -2 indique des événements pour lesquels il n'y a aucune conséquence probable. Une valeur comprise entre -2 et 0 signifie que la situation mérite une surveillance particulière. Une valeur positive sur l'échelle de Palerme indiquerait une situation méritant un certain niveau d'inquiétude.
L'échelle de Palerme compare la probabilité de l'impact potentiel détecté avec le risque moyen posé par des objets de même taille ou plus grand au cours des années jusqu'à la date de l'impact potentiel. Ce risque moyen d'impacts aléatoires est le risque ambiant. Par convention l'échelle est logarithmique. Ainsi, par exemple, une valeur de -2 sur l'échelle de Palerme indique que l'événement d'impact potentiel détecté a seulement 1% de chance de se produire dans les années à venir par rapport à un événement aléatoire ambiant; une valeur de 0 indique que l'événement est tout simplement aussi menaçant qu'un risque ambiant; et une valeur de +2 indique un événement qui est 100 fois plus probable qu'un impact ambiant par un objet au moins aussi grand avant la date de l'impact potentiel en question.
Moins médiatique mais beaucoup plus précise, l'échelle de Palerme est employée par les spécialistes dans ce domaine pour quantifier en détail l'état de dangerosité, calculé en fonction des éléments orbitaux connus du corps supposé rencontrer la Terre.
Une grande partie de l'utilité pour les spécialistes de l'échelle de Palerme tient dans sa capacité d'évaluer soigneusement le risque posé par les événements menaçants du niveau 0 de l'échelle de Turin, laquelle comprend presque tous les impacts potentiels détectés jusqu'ici. Le classement par ordre de priorité de l'échelle de Palerme permet de mieux évaluer le degré d'attention, par le biais d'observations ou d'analyses, que doit susciter l'objet. Cette échelle autorise des valeurs négatives ou positives, et incorpore le délai entre l'époque actuelle et l'impact potentiel prévu, tout comme l'énergie de l'impact de l'objet et la probabilité de se produire.
Puisque l'échelle de Palerme est continue et dépend du nombre d'années jusqu'à l'impact potentiel, il n'y a aucune conversion possible entre les deux échelles. Cependant, en général, si un événement s'élève au-dessus du niveau ambiant, il atteindra une valeur supérieure à 0 aussi bien sur l'échelle de Palerme que sur l'échelle de Turin.
La quantification du risque dépend de la connaissance que nous avons des paramètres du corps concerné, et ceux-ci évoluent en fonction des nouvelles observations permettant d'affiner la trajectoire de l'astéroïde ou de mieux définir ses dimensions.
La détermination précise de l'orbite des astéroïdes récemment découverts dépend principalement du nombre d'observations de l'objet en question, et de la précision des observations. Et en règle générale, quelques semaines de données d'observations ne sont pas suffisantes pour conclure à la probabilité d'un risque d'impact dans les années à venir. Et il convient de rappeler qu'une" probabilité de risque d'impact" est un "état de ce qui est possible compte-tenu de notre connaissance actuelle de l'objet" et ne signifie pas "prévision d'impact", comme on peut le lire encore trop souvent. Quand bien même, si la probabilité d'une rencontre d'un astéroïde avec notre planète s'avérait être de 1 sur 100, la probabilité que la rencontre n'ait pas lieu est de 99 pour 100 !
L'orbite de l'objet est déterminée à partir d'un ensemble de positions (Ascension droite/Déclinaison). Les observations sont en général précises à 0,5 seconde d'arc, avec toutefois des variations selon la taille des pixels utilisés dans les détecteurs CCD : quelques observatoires ont une précision de seulement 1 seconde d'arc. Puisqu'il peut y avoir quelques erreurs dans les observations, il y aura des incertitudes dans la détermination de l'orbite de l'objet. L'incertitude dans les éléments orbitaux dépend également du nombre d'observations et de la période sur laquelle elles s'étendent. Plus les observations couvrent une période importante, et plus elles sont nombreuses, meilleure est la détermination de l'orbite et moins grande est l'incertitude.
Dans les premiers temps qui suivent la découverte d'un nouvel astéroïde, les astronomes calculent sa trajectoire à partir des premières observations de l'objet, malgré les incertitudes pouvant exister. Dans un certain nombre de cas, certains astéroïdes montrent de prime abord une trajectoire pouvant croiser ou s'approcher de celle de notre planète à plus ou moins long terme. La connaissance précise de la trajectoire de ces astéroïdes de type géocroiseur est donc primordiale pour évaluer avec précision le risque encouru. Ainsi, dans un premier temps, il est fréquent qu'un objet de ce type monte rapidement sur l'échelle de danger potentiel. Mais, au fur et à mesure que de nouvelles observations sur la position de l'objet sont effectuées, la détermination de l'orbite devient de plus en plus précise et la grande majorité des objets classés initialement comme pouvant représenter un risque sont éliminés plus ou moins rapidement de la liste.
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